Michel Stefani ; "pas de conditions au dialogue"
Entretien avec Michel Stefani dirigeant du PCF Conseiller à l'Assemblée de Corse
La Marseillaise 13 08 2010
Comment réagissez-vous aux propos de Jean-Guy Talamoni, se déclarant "prêt à participer avec loyauté au débat sur l'avenir de la Corse" ?
Nous aussi c'est la raison pour laquelle il me paraît nécessaire de rappeler que l’assemblée de Corse s’est effectivement prononcée unanimement pour le « rapprochement des détenus corses » non « des prisonniers politiques », que le groupe des élu(e)s communistes et citoyens du Front de gauche défend, pour sa part depuis très longtemps, la « co-officialité » de la langue corse et non « l’officialité » et nous comptons le faire plus ardemment encore dans cette mandature. Dans notre esprit il s'agit de contribuer à l'épanouissement de l'identité et de la culture corses dans une France généreuse et solidaire et pour ce faire de ne pas opposer une langue à l'autre ou d'en faire un critère à l'embauche en vue d'une « corsisation » de l'emploi.
2. Il pose trois conditions "sine qua non de l'apaisement". La première, c'est la question financière et immobilière pour enrayer la spirale de la spéculation. Comment la majorité de l'Assemblée de Corse entend-elle répondre à cette préoccupation ?
Quand on veut dialoguer on lève les conditions au dialogue où alors c'est qu'on veut unilatéralement en poser les termes. Ici la forme rejoint le fond et la tenue du débat, comme son caractère démocratique en dépendent. Evidemment nous accueillons positivement la volonté d’apaisement, sans perdre de vue que ceux qui ont fait le choix des armes peuvent à tout moment décider de prendre le chemin de l’action démocratique, d’une véritable « résistance » populaire à la politique antisociale de la droite et du MEDEF, du tandem Parisot Sarkozy. Enfin nous pensons qu'il est urgent d'enrayer la spéculation immobilière mais nous n'avons pas la même approche pour y parvenir. Nous avons combattu la politique de "désanctuarisation" de la droite et proposé la création d'un établissement public foncier pour réduire la fracture sociale notamment par l'accès au logement social auquel nous donnons la priorité.
3. Les deux autres conditions : l'officialisation de la langue corse et le rapprochement des prisonniers détenus sur le continent. Quelle est votre appréciation sur ces deux points ?
Dire que la prise en compte de « la citoyenneté corse », de « l’officialité » de la langue corse et du « rapprochement des prisonniers politiques » permettrait d’ouvrir la voie à un arrêt de la violence indépendantiste me semble plus un préalable d'autant que ces termes n’ont jamais fait l’unanimité de l’Assemblée de Corse.
Propos recueillis par Christian Carrere