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Michel Stefani

la CTC n'a pas de politique sportive.

5 Juillet 2010

Finalement c'est à plus de deux heures du matin que l'Assemblée de Corse a voté la subvention de 800 000 euros destinée à "sauver le Sporting Club de Bastia". La droite a voté contre, les groupes radicaux socialistes et démocrates ont voté pour avec les nationalistes. Le groupe des élu(e)s communistes et citoyens du front de gauche s'est abstenu.

Les dirigeants du club étaient présents, malgré l'heure tardive, pour assister à ce débat souvent hésitant, selon les intervenants, entre le sentimental et l'économique. Pour Paul Giacobbi il faut avant tout considérer que la CTC vient en aide à une entreprise en difficulté comme elle le ferait pour une autre. Des emplois sont menacés, une activité peut disparaître et avec elle les produits commercialisés qui s'y rattachent. Le président de l'Exécutif ira plus loin encore en comparant l'aide de 4 milliards accordée en moins temps à Dexia. Cette comparaison, digne du réalisme politique libéral, n'en demeure pas moins hasardeuse justement en raison de la crise et de l'urgence à changer, non pas de "planète", mais de politique dans l'intérêt des hommes et du monde plutôt que de la finance.

Le palmarès du Sporting, le rôle promotionnel qu'il a joué en faveur de sa ville d'attache et de la Corse en général est incontestable. Tout le monde se souvient de son épopée européenne, de ses parcours en coupe de France et en championnat de ligue un. Il serait vain de nier qu'il occupe une place spécifique dans la mémoire sportive insulaire. Son histoire c'est aussi la tragédie du 5 mai 1992 une tribune dressée à la hâte et un soir de fête qui tourne au cauchemar. Enfin il y a une gestion parfois sulfureuse souvent chaotique avant la lente descente vers la relégation.

L'échec sportif ainsi signifié s'accompagne d'un risque de sanction supplémentaire en raison d'un manque de trésorerie estimé à 1,6 million. Le club perdrait alors son statut professionnel avant de rejoindre la CFA 2. Cela n'échappe à personne. Ceux qui font dans "l'affect", parlent de bonne gestion future ou de participation vigilante à la direction du club. Ils aiment le club ceux qui s'interrogent aussi. Pour Etienne Bastelica il est légitime de s'interroger sur l'efficacité de cette subvention importante sans autre projet sportif que la vente dans l'urgence de plusieurs joueurs paradoxalement pour se relancer en championnat avec l'ambition de remonter en ligue deux.

D'autres joueurs auraient été approchés mais reconstruire une équipe pour atteindre ce but ne sera pas simple chacun le sait. En ce sens la confusion de plus en plus grande entre performances sportives et rentabilité financière des clubs n'est pas sans effet sur la politique de la FFF. Les clubs deviennent des entreprises dont le premier cercle constitue l'élite nationale leur assise au cœur d'une grande métropole leur donne des moyens mais ils ne sont que quelques uns dans ce cas. Le symbole de ce foot business c'est l'Olympique lyonnais et son emblématique PDG qui aligne un effectif de trois équipes avec un budget de 210 millions.

Dans ces conditions, comment ne pas douter de la pertinence d'engager prés 2,5 millions de fonds publics quand par ailleurs la CTC n'a pas encore défini sa politique sportive, qu'il est question d'accueillir le tour de France pour 2 millions et d'essuyer les plâtres de la politique gouvernementale qui désengage l'Etat du CREPS. D'autres clubs, d'autres disciplines ne sont pas moins dans la recherche de soutiens, leurs exigences seront d'autant plus légitimes qu'il y aura une jurisprudence Sporting. Pour Josette Risterucci "le risque d'incompréhension de l'opinion est d'autant plus fort que la vie est rendue plus difficile avec la crise".

De plus la décision est contrariée par une incertitude juridique puisque la subvention de la CTC devrait transiter par l'Association loi 1901 avant d'être versée à la SA à objet sportif gestionnaire du club. Au bout d'un parcours sportif dans lequel ils n'ont rien à voir, les élus étaient donc confrontés au dilemme, posé en ces termes dans l'opinion, soit donner le coup de grâce soit donner la subvention. Ce raisonnement binaire, qualifié de "courage politique", résonnait faux notamment à droite où l'on s'acharne à démanteler l'enseignement physique et sportif (EPS) aussi sûrement que la politique du ministère de la jeunesse et des sports la suppression des CREPS en témoigne (voir l'explication de vote du Groupe CCFdG).

Enfin il faut savoir que la réfection du stade aura coûté 35 millions et qu'il serait pour le moins navrant d'en faire l'inauguration sans que l'équipe pour lequel il a été réalisé puisse jouer dessus. Voila pourquoi, il devient urgent pour la CTC de définir une politique sportive.

Béatrice FIGARELLA

(*)une certaine idée du sport en rupture avec la logique mercantile du gouvernement

Explication de vote du groupe des élu(e)s communistes et citoyens du Front de gauche

Michel Stefani

Nous allons nous abstenir quoique l'on puisse entendre par ailleurs, de manière assez surprenante quand les propos s'apparentent à une mise en demeure, sur ce choix qui reflète notre état d'esprit, nuancé pour le moins, concernant cette délibération.

Nous sommes en effet partagés entre deux appréciations l'une qui consiste à dire il faut aider le Sporting, l'autre qui tient compte du contexte général, économique et social, des aléas juridiques, des incertitudes sportives et financières du club, et enfin des positions antérieures que nous avons défendues ici à plusieurs reprises s'agissant de la politique sportive de la CTC.

On peut partant de là, essayer de caricaturer notre position, ponctuelle au demeurant, en laissant croire qu'elle aurait une valeur intemporelle supérieure à notre positionnement politique fondamental, la manœuvre restera peu convaincante.

Que ceux qui s'en inquiètent soient rassurés, l'intervention générale de notre groupe le démontre, même dans cette abstention, nous tenons à affirmer notre attachement aux valeurs de gauche aux principes d'une formation qui ne se situe pas au centre du paysage politique mais clairement à gauche, contre la droite, et dans ce cas avec une certaine idée du sport en rupture avec la logique mercantile du gouvernement.

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