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Michel Stefani

De la présence des entreprises nationales en Corse

2 Août 2011

A la veille de leur départ en vacances les élu(e)s de l’Assemblée de Corse étaient appelés à délibérer sur plusieurs dossiers importants notamment deux concernant le transport aérien et le Chemin de fer de la Corse (CFC).

Les domaines sont différents mais la configuration comparable dans un cas il est indispensable qu’Air France, dans le cadre du partenariat avec Air Corsica, puisse continuer à desservir la Corse dans l’autre la présence de la SNCF doit être confirmée pour ne pas connaître la fermeture des CFC.

 

On peut naturellement s’interroger sur les raisons qui ont conduit à ce que la desserte aérienne sur Paris soit déficitaire de 14 M € après versement de la compensation financière due aux opérateurs en l’occurrence Air France et Air Corsica et de la même façon pourquoi la SNCF demande 50 M € la où les services de la Collectivité territoriale en prévoit 30.

 

Les enjeux sont essentiels dans les deux cas et cette connaissance nécessaire pour orienter la décision des élus comme pour gérer le budget de la CTC et l’enveloppe de continuité territoriale cette ligne au budget de la nation affectée au financement de la desserte de service public de la Corse sous l’autorité de l’Office des transports (OTC).

 

La compensation financière versée aux compagnies aériennes est prélevée sur cette enveloppe alors que le financement de la gestion, déléguée, des CFC est assuré par le budget de la CTC. Or ni l’enveloppe de continuité territoriale gelée depuis deux ans donc en recul, ni le budget de la CTC ne permettent dans le contexte de crise et d’austérité gouvernementale d’imaginer une amélioration sensible sans une révision de cette politique.

 

C’est une exigence précisément au regard de la responsabilité de l’Etat à l’égard de la Corse. Il est en effet le garant du niveau d’implication des entreprises nationales en Corse. En ce sens il ne peut se désintéresser de cette situation et contribuer à ce que la SNCF et Air France restent pleinement en Corse.

 

Inutile de cacher que pour la desserte aérienne il est impératif que la CTC redéfinisse une politique qui prenne ses distances avec la logique libérale d’aiguisement de la concurrence. C’est elle qui a prévalue en 2008 avec plus de liberté commerciale sur les tarifs et à l’arrivée une baisse de fréquentation des lignes de service public au bénéfice des low costs appelés à écrémer les lignes les plus profitables à leur convenance. 

 

50 000 passagers de moins avec un coupon moyen à 80 € c’est une perte recettes de 4 M €. Inversement c’est une aubaine pour les low costs qui oublient par ailleurs d’honorer leurs obligations fiscales à l’égard de la Corse et sociales à l’égard des travailleurs.  

Et comme l’expérience montre que le marché de la Corse reste stable cette politique est encore plus mortifère pour le service public et les opérateurs historiques Air France et Air Corsica récemment recapitalisée à hauteur de 12 M € par la CTC qui en est l’actionnaire majoritaire.

 

S’agissant des CFC on mesure, avec l’incertitude qui entoure la mise en service de tous les autorails de nouvelles générations, la difficulté à surmonter un obstacle inattendu, donc la marge de manœuvre financière, alors que la modernisation doit se poursuivre avec le système de cadencement des trains sur les voies offrant une gestion plus efficiente du réseau et des trafics avec une plus grande sécurité pour les usager.  

Cependant l’amélioration des recettes, aujourd’hui réduites par la défaillance des trains AMG, ne suffira pas pour garantir ces investissements évalués à plus de 20 M€ et donner aux cheminots le statut qu’ils réclament à juste titre. Parler de développement durable pour la Corse c’est forcément parler chemin de fer sans lequel un aménagement respectueux de l’environnement ne peut s’envisager véritablement.  

Dessertes urbaines et suburbaines de Bastia et Ajaccio ouverture de la ligne de plaine orientale pour mettre Porto Vecchio et Calvi à une heure trente et une heure quinze de Bastia, transporter des passagers et des marchandises sur ces axes à fort potentiel de développement c’est à cela qu’il faut penser en l’inscrivant au PADDUC dans le cadre de l’intermodalité des transports souhaitée.  

Pour cela il faut des moyens, c’est vrai, mais des moyens il y en a pour peu que l’argent public abondamment distribué aux banques ne leur serve plus à alimenter la frénésie spéculative des opérateurs agissant sur les marchés financiers.  

La crise financière et son impact montrent la supériorité de l’intervention publique sur le privé et le besoin crucial d’une grande politique publique ancrée à gauche. Seule la puissance publique, en se dégageant des contraintes de la rentabilité à court terme du capital, peut mettre en œuvre et soutenir sur la longue durée des programmes majeurs en réponse aux besoins humains sociaux et environnementaux.

Dans la phase électorale qui s’annonce de la présidentielle et des législatives ce sont ces questions et enjeux qu’il faut placer au centre du débat parce qu’ils se rattachent directement à ceux de l’emploi à statut, des salaires décents et du service public à la population.

 

Michel STEFANI

 

 

 

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