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Michel Stefani

Aprés le retrait du PADDUC et avant le tripatouillage de scrutin

17 Juin 2009

Indépendamment du mode de scrutin finalement retenu, les communistes mettront tout en œuvre pour battre la majorité régionale de droite, changer de politique en Corse, obtenir un référendum sur le PADDUC.

Déclaration de Michel Stefani

17 06 09

Après la manœuvre antidémocratique consistant à retirer le Plan d'aménagement durable de la Corse, la majorité régionale de droite, aggrave son cas par un tripatouillage peu glorieux du mode de scrutin en vue des échéances de 2010 alors même que François Fillon expliquait il y a peu qu'il n'y toucherait pas pour les autres régions de France métropolitaine.

Au-delà de la volonté "de se perpétuer" au pouvoir, il s'agit d'une remise en cause du Statut particulier et de la loi de janvier 2002 dont la Corse a été dotée précisément pour favoriser au sein de la Collectivité territoriale de Corse (CTC) le débat démocratique, l'expression de la diversité politique, la maîtrise du développement durable. La prise en compte de la spécificité insulaire dans toutes ses dimensions est apparue comme une nécessité au législateur auquel il est demandé aujourd'hui de se rétracter pour de sombres intérêts électoralistes derrière lesquels se profilent de façon très préoccupante d'autres intérêts occultes puissants et particuliers.

Le mode de scrutin envisagé aura pour conséquence de limiter gravement le rôle de l'Assemblée de Corse et du contre pouvoir que les élus peuvent aujourd'hui y exercer face à l'Exécutif contraint par la loi de leur rendre compte. Si le législateur a prévu une motion de défiance, même difficile à mettre en œuvre, c'est par souci d'éviter une telle situation où l'Assemblée de Corse deviendrait une chambre d'enregistrement des décisions prises par un Exécutif tout puissant.

Curieuse conception de la démocratie quand tout indique qu'il en faut plus encore. Dans une région où les dizaines d'assassinats récents interpellent sur ce qui s'y passe véritablement, nous pouvons dire sans exagérer que la dérive affairiste et mafieuse exige au contraire transparence et citoyenneté.

Considérer dans ces conditions que l'an prochain après la campagne électorale, un résultat favorable à la majorité régionale de droite aurait valeur de consultation populaire s'agissant du PADDUC relève de l'irresponsabilité politique.

Les forces vives de l'île se sentent méprisées par ce qui s'est passé à l'Assemblée de Corse trois jours avant que l'Assemblée nationale ne soit amenée à se prononcer sur une proposition de loi devenue très élyséenne. Comment pourrait-on cautionner de tels agissements quand au bout d'une procédure commencer en 2003 après la consultation et le vote des organismes représentatifs et consultatifs comme le Conseil économique et social de Corse ?

Si véritablement l'Exécutif ne craignait pas l'avis du peuple, il aurait dû lui donner la parole sur son projet sachant que dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse il n'avait pas la majorité pour le faire adopter. C'est cela l'audace démocratique.

Il faut que les Corses soient consultés valablement sur le PADDUC et indépendamment des prochaines échéances régionales. Cela implique d'organiser un référendum sur ce PADDUC. Et si tel n'est pas le cas, le peuple corse devra se saisir démocratiquement de cet enjeu.

Un bref regard sur la situation économique et sociale de la Corse souligne l'urgence de nouvelles pratiques politiques. Le coup politicien de lundi dernier et le tripatouillage du scrutin nous renvoient à une époque révolue où l'exercice du pouvoir était réservé à une caste et à son clan.

Quand quelques centaines de personnes s'enrichissent considérablement dans une région qui compte un peu moins de 300 000 habitants et que parmi ceux-ci 19 000 foyers, 60 000 personnes, vivent avec mois de 880 € par mois, le sens des responsabilités politiques commande de prendre en considération leurs difficultés prioritairement. Or ce n'est pas le cas.

L'Observatoire de la pauvreté a une analyse alarmante s'agissant de la Corse quand il dit qu'elle se différencie des autres régions car toutes les tranches d'age y sont touchées par la pauvreté. Dans son rapport annuel sur l'activité des services de l'Etat, le préfet souligne que l'état de santé de la population est inquiétant. Enfin, alors que la pression spéculative ne fléchit même pas avec la crise, il y a une pénurie de logements sociaux établie en chiffre à 9 000 appartements.

Avec la loi de janvier 2002 le PEI a été institué mais nous savons que les collectivités locales ne peuvent plus participer à hauteur de 30 % il faut que l'Etat ramène comme nous le demandons sa participation à 90 %. Dans le même esprit au titre du plan de relance par les grands investissements le gouvernement doit consentir à financer le raccordement de la Corse au GALSI.

Voila pourquoi selon nous la priorité n'est pas à la "désanctuarisation" et au contournement de la loi littoral afin de permettre une urbanisation de "classe" sur les 200 KM de linéaires côtiers où cela est encore possible. En Corse la priorité est à la lutte contre la vie chère et le détournement des dispositifs de réfaction de TVA et de continuité territoriale au bénéfice d'intérêts particuliers et privés.

Ce 18 juin jour de l'appel du Général de Gaulle à la Résistance populaire, voter la loi modifiant le mode de scrutin reviendrait à capituler. Les communistes n'en ont aucunement l'intention. Indépendamment du mode de scrutin finalement retenu, ils œuvreront avec plus de détermination encore au rassemblement des forces de gauche et de tous les progressistes pour battre la majorité régionale de droite discréditée et changer de politique en Corse.

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