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Michel Stefani

A propos de la crise financière et économique

28 Novembre 2008

"laisser croire que la tourmente épargnera la Corse est une illusion"

La crise du capitalisme est d'une profondeur sans précédent. Elle touche au cœur du système là où se noue l’interaction des marchés, des banques et de la bourse. Elle prend sa source dans une dérégulation qui contredit tous les apôtres libéraux de l’autorégulation symbole de sa supériorité. Contrairement à l'image fréquemment répandue, elle n'est pas le fait de quelques individus égarés et sans scrupule mais le résultat d’une logique poussée à son paroxysme dans le seul but d’accumuler toujours plus d’argent.

Et quand Sarkozy ou Lagarde jouent les pompiers, en s'offusquant, de cette situation, ils n'ont qu'un objectif : cacher leur propre responsabilité et préserver le système. Le danger est grand, en effet, qu'il ne soit remis en cause par un peuple consterné de voir du jour au lendemain que les caisses vides de l’Etat se remplissent comme par enchantement pour secourir des banquiers en détresse. Leurs choix politiques ceux qui consistent à ne rien laisser échapper à la "libre concurrence" ont préparé le terrain. Aujourd’hui encore ils alimentent l'incendie qui n'en finit plus de brûler des milliards et menacent des pans entiers de l'industrie.

Dans ce contexte, laisser croire que la tourmente épargnera la Corse est une illusion dangereuse tout simplement parce que les principaux donneurs d’ordres sont tributaires du crédit notamment la CTC dont l’endettement s’élève à 300 M€. L’investissement public va donc ralentir sous le double effet de la crise et de la gestion de l’Exécutif dont la CRC dresse un tableau préoccupant. Le bâtiment qui est le secteur le plus pourvoyeur d’emplois en subira les conséquences les plus lourdes. La consommation des ménages mise à mal par la cherté de la vie le sera plus encore mettant en péril les TPE qui constituent l'essentiel du tissu économique de la Corse.

Partout où il y a du profit à faire, le capitalisme est là, quelles qu’en soient les conséquences pour l'humanité. Ces deux dernières décennies, la financiarisation de l’économie a donné aux gros actionnaires un pouvoir d'autant plus illimité qu'il progressait sur la déréglementation sociale, fiscale et économique. C'est eux et leurs mandataires politiques qui ont établi la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux pour augmenter la rentabilité du capital et écraser le travail au prétexte que les salaires et la dépense publique seraient des surcoûts. Les stigmates, pour certaines indélébiles, dont la planète souffre en découlent.

Voila pourquoi, financiarisé ou pas, il est invraisemblable de sauver le capitalisme. La crise en fait la démonstration en touchant au cœur du système. La spéculation sur le logement des ménages américains n'a été que l'étincelle avec en retour le blocage du crédit par des banques dépourvues de garanties et prises à leur propre piège.

L’argent disponible pour soutenir la consommation et l'activité économique réelle, autrement dit productive, se fait rare. Les mesures prises dans l'urgence consistent alors à réinjecter de l'argent, à recapitaliser, à concentrer, à fusionner mais pas à soulager les victimes que sont les travailleurs et les ménages populaires endettés.

Alors que les milliards d’euros coulent à flots, sans contrepartie les saisies et les licenciements se multiplient. L'Etat nous dit-on n'y perdra rien en privatisant le moment venu pour épargner les contribuables, c'est ce qu'affirme la ministre Lagarde, mais sans convaincre. Comment pourrait-il en être autrement, alors que Nicolas Sarkozy annonce dans la foulée le gel de la dépense publique et explique, avec cynisme ou démagogie, qu'il faut se faire à l'idée d'un "retour de la puissance publique" à ne pas confondre avec "l'Etat providence".

Lui qui vantait les mérites du prêt hypothécaire, autrement dit des "subprimes", dans sa campagne présidentielle, dégage 350 milliards en une nuit. Après avoir fantasmer sur les déficits publics pour ne pas financer la sécu, les retraites, le RSA, les hôpitaux, le logement social la pilule est plutôt dure à avaler. De plus, en 20 ans le portefeuille du Cac 40 a vu son pouvoir d’achat progresser de 120 %, alors que celui des salariés (à temps plein) n'a pas atteint les 15 % et celui des Rmistes est resté fixe.

Pire encore le PDG d’LVMH et celui de PPR toucheront en 2009 plus de 400 M€ de bonus pour 2007. L'argent existe donc dans ce pays il faut l'utiliser autrement en créant un pôle public bancaire contrôlé démocratiquement et dont la mission prioritaire serait de soutenir une croissance respectueuse des critères sociaux et environnementaux.

Au-delà de la faillite de grandes institutions bancaires mondiales, cette crise est, certes un acte d’accusation contre la politique du gouvernement et du Président de la République amis, aussi contre la politique d’adaptation sociale-libérale au système, contre la politique de l’Union européenne et des Institutions Internationales BCE, FMI et OMC.

Ainsi, le capitalisme conduit le monde à l'abîme. 20 ans après la fin du socialisme soviétique, son triomphe est loin d’être acquis. Les libéraux l'ont bien compris Nicolas Sarkozy en tête mais après un G 20 sans aucune décision, les banquiers ont attendu hier, et les 850 milliards de rallonges, 700 milliards de dollars et 150 milliards d'euros, pour donner un signe sur les marchés nous dit-on.

Pour notre part nous tenons à montrer avec conviction la nécessité d’un dépassement du système capitaliste pour dégager la perspective d’un nouveau type de civilisation. C'est une intense bataille idéologique et politique dans la quelle le Parti communiste s'investit totalement.

Michel STEFANI

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