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Michel Stefani

"Pulenda per Bastia"

19 Mars 2014

Dernier meeting de campagne pour la liste UMP CNI, conduite à Bastia par Jean Louis Milani, conseiller général du premier canton, donné en difficulté dans les sondages, en raison d'une perméabilité des électorats, « le sien » étant siphonné par la liste du nationaliste Gilles Simeoni.

Et si plus rien ne nous surprend dans la façon de faire de France 3 Corse Via Stella dès qu’il s’agit de Bastia, on retiendra ici dans un florilège de reportages, consacrés à l’élection dans cette ville, celui relatant ce meeting (vidéo en ligne sur le site le 18 mars et mise à jour le 19). Deux interviews sont réalisées une avec Jean Louis Milani, l’autre avec Jean Yves Bonifay, attaché parlementaire, à la suite d’un commentaire d’images précisant que Jean Baggioni, assis aux côtés de Sauveur Gandolfi Scheit, déplore la division dont le camp libéral pâti. La remarque incrimine-t-elle Sylvain Fanti ? Personne ne peut le dire.

Les deux interviewés sont critiques à l’égard de la gauche « à la fois sur le bilan municipal et la politique gouvernementale » ce qui, de prime abord, venant du candidat de la droite est logique. Le PS n’a pas donné d’investiture à la liste PRG – PCF mais peu importe le téléspectateur n’en sera pas informé. C’est ici que le journaliste vient conclure le reportage avec cette analyse : « faut-il entendre que pour faire barrage à la gauche, il faudrait voter Gilles Simeoni ? Beaucoup de militants présents hier le pensaient ».

Dès lors on s’attendait à un témoignage, un seul. Il n’en sera rien. Le reportage est terminé et la droite bastiaise dans sa totalité convertie à cette option d’un ralliement à Gille Simeoni par le bon génie désintéressé de la chaine régionale publique. Gaullistes, sarkozystes, fillonistes, lepenistes, autonomistes, indépendantistes, tattistes, socialistes ouverts... se retrouveraient au second tour dans « le monde politique merveilleux » imaginé du côté des studios de Fr3 Corse.

Plus sérieusement, cette obstination rédactionnelle est certes conforme aux manipulations de sondages auxquelles nous avons assisté. Néanmoins elle se distingue de l’information de service publique, pluraliste et objective, pour devenir du journalisme engagé voire militant. Le 23 mars, un seul bulletin vous permettra de refuser cette «pulenda per Bastia» celui de la liste conduite par Jean Zuccarelli et Francis Riolacci.

Michel Stefani

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Narcisse ou « le seul candidat en capacité de gérer Bastia »

18 Mars 2014

Nous voila dans la période précédant le premier tour de scrutin des municipales. De nombreux électeurs encore indécis vont préciser leur choix. C’est donc le moment où les arguments les plus pertinents permettront de les convaincre. L’heure est aux twitts, ce nouveau mode de communication dans l’air du temps dont la modernité se résume aux nombres de caractères autorisés 140. Autant dire que nous sommes loin de la pensée des Lumières du Discours sur l’inégalité de Jean Jacques Rousseau sans aller jusqu’à parler du Contrat social.

« Pour la liste PRG-PC, la volonté de privatiser la gauche pour la sauvegarde de la famille n'est pas un hasard mais un état d'esprit ». Ce twitt d’Emmanuelle Degentili et l’aveu d’une personne qui sait de quoi elle parle. Elue à la place que son père occupa plusieurs décennies à la direction de la fédération socialiste, elle a « naturellement » revendiqué la présidence de la CAB comme lui 20 ans plus tôt. C’est pourquoi la liste de gauche PRG- PC, dont elle souhaite la défaite, n’a pas contrairement à ce qu’elle dit, « échoué à ressembler la gauche » mais buter sur cette exigence si exorbitante que même la rue de Solférino ne l’a pas soutenue.

Dans cette marche triomphale qui paradoxalement réclame la défaite de la liste de gauche qui arrivera en tête au soir du premier tour, elle est précédée par François Tatti qui voit lui un duel l’opposant d’ores et déjà à Gilles Siméoni, non parce que les électeurs l’auraient voulu, mais en toute modestie parce qu’il serait « le seul candidat en capacité de gérer Bastia ». Grisé par son désir, il nous ramènerait presque à Ovide et ses Métamorphoses. Le plus rapprochant serait Narcisse.

Le second protagoniste de ce duel chimérique, Gilles Siméoni, lui s’est vu offrir une page dans Corse Matin. Autant dire qu’il écrase les twitts du jour en se confiant, nous dit-on « sans langue de bois, ni faux fuyants ». Seul hiatus dans cette affirmation de l’interviewer c’est qu’à la question portant sur la violence clandestine, Gilles Siméoni répond : « Je refuse d’adopter la posture de ceux qui ont fait de la condamnation de violence clandestine leur fond de commerce électoral ». On s’en doutait et c’est d’ailleurs pour cette raison que le tir à l’arme de guerre contre la gendarmerie de Montésoro le 5 décembre dernier n’a pas été condamné.

Cela interpelle notamment au regard des alliances du second tour et en particuliers de la place réservée aux candidats de Corsica Libera et de la solidarité affirmée avec le FLNC. Réduire cette question essentielle à une volonté de « marginaliser » un courant politique est un faux fuyant à fortiori en soulignant que « la société corse aspire à la paix ». On peut revendiquer l’indépendance de la Corse sans violence.

Ainsi Gilles Siméoni ne parle plus de « conclave ». Il propose « un contrat » à des « partenaires potentiels » autour « de valeurs, d’une méthode -celle de la démocratie comme pilier majeur de tous les actes de la vie communale-, de priorités à mettre en œuvre pour la ville et de l’équilibre politique entre les forces en présence » avec cette précision : « c’est dans le cadre de ce quatrième et dernier point que sera réglée la répartition des postes et fonctions ».

C’est forcément ce quatrième et dernier point qui permettra de savoir si le drapeau tricolore continuera de flotter au fronton de la Mairie de Bastia. Là il ne s’agit pas de propos outranciers mais d’une réflexion après avoir entendu Eric Simoni expliquer que le drapeau corse le remplacerait. Toutefois il est évident que les colistiers de Gilles Siméoni n’ont rien « de dangereux terroristes » personne ne l’avait encore dit.

Le débat d’idées suppose la clarté sur ces aspects politiques comme « sur le schéma d’une Corse autonome largement maîtresse de ses choix ». Dire que cela « va dans le sens de l’Histoire et de la construction européenne » ne suffit pas. Une Corse autonome dans le cadre de la République française ce n’est pas la même chose que dans une Europe fédérale des régions.

Partant de là « La Corse et Bastia sont (effectivement) à la croisée des chemins ». Le 23 mars emprunter le chemin proposé par Gille Siméoni conduirait à franchir une étape dans le sens inverse de l’Histoire écrite le 30 novembre 1789 par Salicetti, Paoli et d’autres révolutionnaires et confirmée le 9 septembre 1943 par Giovoni, Micheli, Benigni et d’autres Résistants soutenus par l’insurrection du peuple corse.

Michel Stefani

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Le second tour, à la roulette russe, ferait une seule victime : Bastia

13 Mars 2014

Malgré les coups de boutoirs, « la citadelle bastiaise » résiste bien au premier tour pour atteindre 34 %. C’est ce qui ressort du sondage, en dépit d’une inquiétante façon d’occulter une donnée essentielle, affirmée par les électeurs interrogés, selon laquelle la gauche rassemblée gagnerait largement au second tour.

C’est du bon sens politique et la confirmation, au-delà des montages politiciens imaginés dans les rédactions de quelques médias, que le bilan de la municipalité sortante est pris en compte de manière positive indépendamment des allégations grossières le réfutant. Plus d’un électeur sur deux voit ainsi la possibilité de poursuivre la construction du Bastia du 21ème siècle toujours plus moderne et solidaire dans un ancrage à gauche qui permettra de nouvelles réalisations améliorant encore le cadre de vie des bastiaises et des bastiais.

Services publics communaux, logements sociaux, culture, transports, circulation, solidarité, développement harmonieux aux plans social et environnemental, voila ce dont il est question et qu’ils retrouvent dans le programme de la liste qu’ils placent en tête au premier tour. C’est donc cette liste, conduite par Jean Zuccarelli et Francis Riolacci, qui a pour eux vocation à les rassembler largement au second tour sur ces objectifs de progrès inscrits au programme de la liste de la municipalité sortante.

Leur expérience, sous les mandatures précédentes et l’impulsion d’Emile Zuccarelli et Ange Rovere, fonde leur intention de vote aujourd’hui en distinguant les promesses et les critiques gratuites, des projets et des engagements sérieux portés par la liste à laquelle ils souhaitent que le flambeau soit transmis pour ne pas voir anéantis des années d’efforts et une gestion en définitive inattaquable.

Gille Siméoni à 32 % ne parvient pas à franchir le niveau auquel il prétend et reste second. Sa victoire au second tour ne serait possible que dans le cas où François Tatti et Emmanuelle Degentili, crédités de 15 % des intentions de vote, le rejoindraient. S’il se concrétisait ainsi, leur refus réitéré d’un accord à gauche pour affronter le second tour, prendrait effectivement la tournure d’une trahison.

De même le maintien, uniquement pour se compter et indépendamment de la satisfaction personnelle de l’avoir fait, n’aurait aucun sens politique sinon de compliquer, la victoire de la gauche maintes fois affirmée, sauf à considérer qu’ils l'incarnent seuls et à 15 %.

L’intelligence politique doit l’emporter sur ce jeu à la roulette russe dont la seule victime au second tour ne peut être que Bastia. Voila pourquoi les bastiaises et les bastiais, attachés aux valeurs républicaines, n’auront qu’un bulletin de vote pour exprimer leur volonté de voir la gauche se rassembler pour poursuivre l’œuvre entreprise par la municipalité sortante : celui de la liste conduite par Jean Zuccarelli et Francis Riolacci. Soutenue largement au-delà des 34 %, dès le premier tour, elle offrira la certitude de la victoire de la gauche au second tour.

Michel Stefani

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Une diminution des crédits européens serait incohérente et très contestable

12 Mars 2014

Le budget européen porte la marque de l’austérité. Pour les Van Rompuy, Barroso et consorts, le soutien aux banques et aux marchés financiers passe toujours avant la dépense publique utile socialement. Elle est la seule susceptible de diminuer. Aux peuples de souffrir... quand les dividendes des riches actionnaires grimpent outrageusement.

Selon le député européen François Alfonsi, la Corse verrait ses crédits diminués, non en raison de cette politique désastreuse mais plutôt au regard des seuls choix du gouvernement privilégiant certaines régions où ils seraient maintenus, voire surabondés. Si rien ne permet de l’affirmer, indépendamment du fait que la politique gouvernementale cède, en général, aux dictats de la Commission européenne, il n’est pas inutile, l’Assemblée de Corse ayant été interpellée, de chercher à comprendre.

Le budget global de la politique de cohésion pour la période 2014-2020, avec 351.8 milliards d’euros (1/3 du budget européen) est légèrement supérieur à celui de la période 2007-2013 (347,410 milliards d’euros). Dans ce cadre, la France dispose d’une enveloppe, pour la période 2014-2020, de 14,238 milliards d’euros (contre 14,294 milliards d’euros pour la période 2007-2013) dont 3.9 milliards d’euros au titre du régime transitoire applicable aux 10 régions françaises, dont la Corse, devenue non éligible à l’Objectif n°1 quand son PIB a atteint 75 % du PIB moyen européen.

Pour la période 2007/2013 les crédits accordés à la France, englobant la politique de cohésion et le 2ème pilier de la PAC, se sont élevés à 22 milliards d’euros. Ils ont été répartis de la manière suivante :

Politique de Cohésion 3 objectifs : 14,294 milliards €

• Compétitivité régionale et emploi : 10,256 milliards € (FEDER et FSE)

• Convergence (départements d’outre-mer): 3,179 milliards € (FEDER/FSE),

• Coopération territoriale européenne (volets transfrontalier et transnational) : 859 millions € (FEDER).

Développement rural et pêche : 7,711 milliards €

• PDRH et 5 PDR dont la Corse (FEADER) : 7 495 milliards d’euros

• Fonds européen de la pêche (FEP): 216 millions d’euros

Sur la période 2007-2013 les crédits alloués à la Corse ont été de 171,3 millions d’euros (objectif compétitivité régionale et emploi) sur la politique de cohésion et de 93.6 millions d’euros pour le Programme de Développement rural soit un total de 264,9 millions d’euros. Pour la période 2014-2020 la Corse se verrait attribuer une enveloppe moindre par rapport à la période précédente, de 115, 8 millions d’euros (FEDER et FSE) sur la politique de cohésion mais sa dotation pour le 2ème pilier de la PAC serait de 145 millions d’euros, soit un montant total sensiblement identique (260.8 millions d’euros) en comparaison à la programmation 2007-2013 (264,9 millions d’euros). Les crédits de coopération territoriale, le Fonds européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP) et d’autres appels d’offres devraient couvrir cet écart de 4.1 millions d’euros.

Voila de quoi éclairer les affirmations de François Alfonsi et de quoi évaluer le « hold up » sur la Corse.

Néanmoins, si le gouvernement réduisait les dotations sur les fonds européens pour la Corse il y aurait une incohérence très contestable. En effet, avec le gel de l’enveloppe de continuité territoriale et l’annonce des 10 milliards € d’économie sur les dotations d’Etat aux collectivités locales, cette diminution des crédits européens aurait un impact contraire aux engagements pris à travers la dernière tranche du PEI (537 M€) et la possibilité ouverte d’orienter le PO FEDER sur des actions nouvelles.

Michel Stefani

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« Tous sauf Zuccarelli » n’est pas de la pulitichella.

11 Mars 2014

Question du journaliste de FR3 Corse à Paul Giacobbi le 10 mars (Web FR3 Corse Via Stella) « chef de file des radicaux insulaires » : « Est-ce que vous condamnez les propos de Francis Riolacci sur le « siméonisme » ?

Le même journaliste aurait pu très bien poser la question suivante à Gilles Siméoni : « est-ce que vous condamnez le tir à l’arme de guerre sur la gendarmerie de Montésoro le 5 décembre 2013 » ? Mais il ne l’a pas fait, et ne le fera pas.

Les propos, définissant le « zuccarellisme » et les élus de la municipalité sortante comme un « système » prévaricateur qui ne respecte pas « la dignité des administrés », ne sont-ils pas condamnables ? Mais la probabilité que cela puisse susciter une question à Paul Giacobbi est mince.

La page Web FR3 Corse Via Stella évoque la « pulitichella » bastiaise. Force est de constater qu’il s’agit maintenant d’un choix de rédaction à sens unique, peu déontologique. En effet, ce lien renvoie à une interview d’Emile Zuccarelli et Ange Rovere, parue dans Corse Matin dimanche 9 mars, sous le titre « la main tendue à François Tatti... ».

Ainsi, de façon sournoise, il est fait reproche à Emile Zuccarelli et Ange Rovere de dire aux électrices et électeurs de gauche à Bastia que la liste qu’ils auront placé en tête de la gauche au premier tour aura vocation à les rassembler tous au second tour.

Pour comprendre cette stratégie de grande Politique, il faut en revenir au Club de la presse RCFM où Jean Vitus Albertini expliquait que le sondage (commandé par FR3 Corse, RCFM, Corse Matin) n’avait pas à poser la question du vote en faveur d’une liste rassemblant la gauche bastiaise au second tour.

Le même expliquera dans la foulée qu’il était justifié de poser celle du rassemblement derrière Gilles Siméoni de tous les électeurs du premier tour à l’exception de ceux qui auraient voté pour la liste Zuccarelli Riolacci (PRG PCF).

Limpide ! « Tous sauf Zuccarelli » n’est pas de la pulitichella. C’est parait-il le sens de l’histoire, sans doute avec un grand H.

Michel Stefani

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Bastia : la place du ferroviaire dans les programmes des candidats

6 Mars 2014

Les multiples propositions des candidats à l’élection municipale de Bastia mettent en avant le transport public ferroviaire. On y verra avec satisfaction la confirmation de la place qu’occupent à nouveau les CFC dans la vie quotidienne des Corses, au-delà même de Bastia. Dés lors, on ne s’arrêtera pas sur les propositions qui correspondent au schéma des investissements ferroviaires voté à l’unanimité par les élus de l’Assemblée de Corse mais plutôt sur celles qui le mettent en cause.

Il en est ainsi de deux propositions ayant pour objet l’implantation d’un parking, aux façades végétalisées, sur les emprises de la gare de Bastia. Un projet de 3 600 places, est porté par Eric Simoni (liste Un’alba nova per Bastia/Corsica libera/Pruposte per Bastia). L’autre, légèrement différent, consiste à réaliser un parking en silo de 1 000 places sur le « terre plein de la gare aujourd’hui transformé en dépotoir » dixit Gilles Siméoni (Inseme per Bastia/vidéo mise en ligne sur YouTube le 20 février 2014).

Les deux projets envisagent de transférer le dépôt actuel et son activité à Casamozza. Cela supposerait de renoncer à la construction, inscrite au schéma des investissements ferroviaires, d’un dépôt moderne, adapté au développement de l’activité des CFC, aux contraintes d’une exploitation plus étoffée en termes de services et de capacités dés lors que la Commande centrale pour voie unique serait opérationnelle sur tout le réseau.

Afin d’apprécier la pertinence de ces propositions, il n’est pas inutile de regarder l’exemple du parking en silo de La Tossée à Tourcoing. Ainsi on s’aperçoit que, pour un projet de 450 places, la surface prévue est de 1,75 hectare et le coût de construction au m² de 750 € HT. Soit au total plus de 13 M€. En projection 1 000 places nécessiteraient 3,8 hectares et un budget de 29 M€ HT. D’autre part, pour un ouvrage classique hors sol, les normes moyennes établissent, au plus bas, de réserver une surface de 20 m² (rampe d’accès, cheminement, dégagement) pour une place à un coût unitaire de 20 000 €. 3 600 places nécessiteraient 7,2 hectares et un budget 72 M€ HT.

Le site de la gare de Bastia est constitué de deux zones l’une est occupée par le siège des CFC, la gare, les quais, un immeuble d’habitation et des commerces, l’autre est celle sur laquelle ces projets sont supposés voir le jour. Elle est d’une surface de 1 hectare. Par conséquent, dans les deux cas, la réalisation du nouveau dépôt et du centre administratif de la CTC, dont le principe a été également voté par l’Assemblée de Corse, serait impossible. Sur la zone, comprenant le dépôt et le stationnement des autorails, il faudrait donc élever un édifice d’au moins 4 étages pour 1 000 places en silo et de 7 étages pour 3 600 places en construction classique hors sol.

Autrement dit, sans oublier que l’actuel parking de la gare offre 365 places, force est de reconnaître que ces deux projets sont contestables sur le double aspect : un de l’urbanisme et des dispositions réglementaires, deux de l’écologie et des objectifs de réduction de la circulation en centre ville. Pour ce qui est du budget, la question des plans de financements, qui n’est pas abordée dans les deux projets, reste entière tout comme le cadre conventionnel de leur exploitation.

L’examen de ce que cela engendre en termes d’exploitation des CFC n’est pas convaincant non plus. Les trains devraient être ramenés à Casamozza en fin de service pour y être contrôlés, certains garés à l’extérieur et donc exposés aux dégradations. L’atelier serait saturé et le processus de maintenance des autorails perturbé comme les circulations régulières en cas d’avaries constatées à l’arrivée en gare de Bastia par exemple. La prise de service des agents le matin devrait forcément être avancée pour conduire les trains au départ de Bastia avec, à première vue, un impact sur l'organisation du travail et la masse salariale.

Pour conclure et résumer, ces propositions ne respectent pas la cohérence des choix entre décideurs publics. Elles reposent sur une faisabilité improbable, aucun plan de financement ni cadre conventionnel d’exploitation. Elles impliquent l’abandon des projets de construction du centre administratif de la CTC et du nouveau dépôt ferroviaire de Bastia.

Michel Stefani

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L’autre volet du contexte électoral à Bastia

1 Mars 2014

Deux sondages après, les bastiaises et les bastiais ont pu entendre les sept têtes de listes réunis sur un même plateau de radio, installé sur la scène du théâtre municipal de Bastia, pour un débat animé par Didier Arnoux de RCFM et Roger Antech de Corse Matin.

Chaque candidat a exposé ses analyses et son projet, expliqué sa démarche et sa stratégie électorale, exception faite du candidat FN absent après avoir annoncé son retrait. Etaient donc représentées les deux listes de droite l’une par Sylvain Fanti et l’autre par Jean Louis Milani à la peine pour redonner du souffle à l’UMP au-delà de l’agressivité de Jean François Copé en mal de pouvoir ; les deux listes nationalistes interdépendantes de Gilles Simeoni et Eric Simoni porteurs à la fois d’une vision figée de l’aménagement de Bastia et d’un repli sur une ressemblance identitaire ; la liste écologiste de Jean François Baccarrelli ; les deux listes de gauche l’une conduite par François Tatti en rupture avec son parti comme sa colistière socialiste Emmanuelle Degentili l’autre incarnant la municipalité sortante, un bilan et un projet, progressistes et solidaires, conduite par Jean Zuccarelli.

La défection du FN, la veille de ce débat, a surpris de nombreux observateurs surtout après l’élection présidentielle et dans une moindre mesure les législatives auxquelles le tête de liste malheureux, Tony Cardi avait participé en expliquant qu’il ferait tremblait Bastia aux municipales. Cette défection serait due à l’incapacité à constituer une liste complète. Personne ne s’en plaindra. Toutefois, la perméabilité de l’électorat FN soit avec la sensibilité nationaliste soit avec la droite laisse penser que l’avantage de cet abandon leur est acquis. C’est l’analyse qui peut être faite de l’épisode électoral de 2012 et de la lecture détaillée du premier sondage réalisé sur Bastia, en décembre 2013.

En effet le sondage indique que 55 % des électeurs favorables à Gilles Simeoni ont voté à la présidentielle pour le FN et l’UMP respectivement 35 % et 20 %. Cet ancrage de droite serait même plus fort que celui de Jean Louis Milani le candidat UMP UNI pour lequel seulement 8 % des électeurs du FN et 40 % des électeurs UMP de la présidentielle structurent le vote en sa faveur. Ce sondage s’avérait plutôt conforme au rapport de force électoral des régionales de 2010 avec un bloc de droite à 20 % dominé par la liste UMP créditée de 13 %, un bloc nationaliste à 30 % dominé par la liste Inseme per Bastia créditée de 25 % et un bloc de gauche à 48 % dominé par la liste PRG PCF créditée de 33 %.

Le 20 février 2014 un second sondage a confirmé la liste de Jean Zuccarelli et Francis Riolacci en première place à 35 %, une évaporation des intentions de vote (3 %) pour une liste conduite par Emmanuelle Degentili dont le transfert chez François Tatti n’aurait aucun effet électoral leur liste restant stable à 12 %. La droite perd 3% pour l’UMP et 2 % pour le FN (avant la défection de Tony Cardi). Côté nationaliste Inseme per Bastia gagne 5 % et Corsica libéra 1 %.

La réflexion induite par ces deux sondages souligne l’importance des accords de second tour. Une alliance à gauche place celle-ci en tête tout prêt des 50 %, la droite à 15 % et le mouvement nationaliste à 35 %. Pour autant une opération médiatique, construite sur le « tout sauf Jean Zuccarelli », décrète impossible l’alliance à gauche et probable celle des nationalistes derrière lesquels s’agrégeraient la plupart des électeurs ayant voté au premier tour pour une autre liste que la liste de la municipalité sortante. De cette façon, la liste arrivée en tête au premier tour, la seule en capacité de rassembler au second tour toute la gauche sur des valeurs républicaines de progrès et de solidarité, serait battue.

Ici nous revenons au débat d’une part pour souligner que les candidats opposés à cette liste de la municipalité sortante ont tous commencé leurs propos par : « on ne peut pas dire qu’à Bastia rien n’a été fait » et d’autre part pour essayer de comprendre la réaction de François Tatti, inexplicable au regard de la démocratie, sinon à vouloir écarter au second tour celui que les électeurs auraient indiscutablement placé en tête de la gauche.

Sur le premier point effectivement les critiques ont été de pure forme. Bastia n’est pas la ville apocalyptique décrite. Elle n’est pas non plus la ville idyllique épargnée par la crise économique et sociale. Mais précisément parce que la municipalité de gauche a à son actif de nombreuses réalisations depuis 1968 son impact n’est pas le même dans la vie quotidienne des ménages populaires. Qu’en serait-il si Bastia ne disposait pas de son tunnel, de son boulevard urbain, de ses milliers logements sociaux, de ses parkings municipaux, de ses écoles modernisées et de sa cuisine publique centrale, de son stade Armand Cesari rendu à la gestion publique après le drame de la gestion privée, de son théâtre, son musée et son centre culturel, de ses transports publics et ses navettes gratuites, de son parc technologique et ses infrastructures sportives réservées aux amateurs de toutes disciplines sportives... ?

En revanche Bastia est parfois le lieu où les attentats, les tirs à l’arme de guerre, on l’a vu récemment contre la gendarmerie de Montesoro, surprennent, de jour comme de nuit, sa population sans que cela n’émeuve les candidats nationalistes. Cette question comme celle du rapport à la France se pose dans cette élection, car Gilles Simeoni, qui reconnait avoir rencontré Eric Simoni en vue d’un rapprochement de second tour, devra forcément donner des gages. Les militants de Corsica Libera ne viennent-ils pas de réaffirmer « leur solidarité avec le FLNC » à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Sartène (texte mis en ligne le 26 février sur Corse Net Info) ?

Sur le second point qui focalise l’attention des électeurs de gauche, l’attaque virulente de François Tatti contre Jean Zuccarelli : « Vous n’êtes ici que le représentant parachuté d’une dynastie non celui d’une formation politique ou d’une liste de gauche », interpelle à présent tous les démocrates, les femmes et les hommes de gauche qui vivent à Bastia. Car pour eux la gestion de la ville par la municipalité sortante ne se résume ni à un patronyme, ni à la caricature mettant en cause la probité et le sens de l’action publique de ses élu(e)s. Les élus de gauche, en place avant que François Tatti ne partage leurs bancs sans formuler la moindre critique durant 20 ans, ont fait de Bastia ce qu’elle devenue : une ville dynamique, attrayante, moderne et solidaire. Cette œuvre commune, à laquelle il a contribué, reconnue par 48 % des intentions de vote au premier tour dans tous les sondages, reste le fruit du travail de tous et la raison essentielle d’un accord de second tour pour : « garder Bastia à gauche ».

Si cet engagement pris, y compris par Emmanuelle Degentili n’était pas respecté par un accord conforme à cet objectif politique exprimé, par les uns et les autres, dans « l’intérêt des bastiaises et des bastiais », la posture de François Tatti, poussée au-delà de son excès verbal par l’ensemble de ses colistier(e)s, faciliterait l’accomplissement des objectifs du mouvement nationaliste rassemblé derrière Gilles Simeoni pour « faire tomber la citadelle bastiaise ».

Dés le mois de septembre, l’assemblée générale de Femu a Corsica donnait le ton pour faire des municipales le tremplin de la conquête du pouvoir régional et la référence du rapport de force avec le gouvernement. Là il s’agit, non pas de Bastia, mais des discussions sur la possible réforme constitutionnelle incluant la rupture avec la France coloniale dont l’objectif serait « la minoration organisée du peuple corse ». (Blog d’Edmond Simeoni 10 février 2014 publication intitulée Corse : colonialisme subtil mais...intransigeant)

Voila l’autre volet du contexte électoral à Bastia. L’intelligence politique commande de sortir de ce funeste piège dès le premier tour et contraint les électeurs de gauche au vote massif pour la liste de la municipalité sortante conduite par Jean Zuccarelli et Francis Riolacci. C’est effectivement le seul bulletin de vote qui offre avec certitude la possibilité de le dire et de dire : « Bastia doit rester à gauche ».

Michel Stefani

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