L’émancipation que nous voulons construire découlera toujours de la devise révolutionnaire clamant pour tous : Liberté - Egalité - Fraternité.
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Corse matin, le 2 novembre 2020, a ouvert ses colonnes au président de l’Observatoire de la Corse "Corsu e Fieru" et de l’Association "Corsica Cristiana". Le discours de Monsieur Castellani qui préside et s’exprime au nom des deux associations pourrait être résumé par cette exclamation : "Ne nous laissons pas aveugler par les Lumières".
Le 13 février 2012, toujours dans Corse Matin, Monsieur Castellani expliquait : "Avec l'Observatoire, nous défendons le côté identitaire de la Corse. Donc, il serait difficile, voire impossible, de dissocier l'histoire humaine de la Corse de son histoire religieuse, sachant que la présence chrétienne constitue certainement la composante sociale et culturelle qui a marqué, plus profondément que tout autre, les femmes et les hommes ainsi que le paysage de l'île sur une aussi longue durée".
A l’évidence il y a une continuité. Dans une autre période et dans un autre contexte, cela ne mériterait pas que l’on s’y attarde mais au moment même où se pose avec force la nécessité de dresser un rempart aux visées obscurantistes, cette personne érudite vient avec ses arguments ténébreux piétiner la laïcité et dire son aversion pour la loi de 1905.
Point de séparation de l’église et de l’Etat et la cécité dont il fait preuve sur certaines périodes historiques valent plus que toute démonstration. 1789 n’existe pas, 1943 encore moins, et pour cause Monsieur Castellani et ses amis militent pour une Corse "indépendante" placée "sous tutelle spirituelle du Saint Siège". (Corse Net Info 12 02 2019)
Voila comment la laïcité, loi des hommes garante de leur vivre ensemble et respectueuse de toutes les religions, est réduite par un raisonnement simpliste au risque d’engendrer la "destruction de la Corse comme de toutes les nations". Ainsi, on comprend pourquoi "La séparation de l'Église et de l'État est [décrétée] étrangère à la mentalité corse".
On pourrait en rester là mais la vision du futur, développée sur ces principes opposés à "l’évolution post moderne" si dangereuse, repose sur le constat tout a fait identitaire de la "substitution de population qui entraînera, si elle n’est pas endiguée, la disparition pure et simple de notre peuple". (Corse Net Info 04 05 2018).
Autrement dit le danger vient de l’extérieur, mais pas seulement. Partant du postulat que la "Corse a sa spécificité : à la fois mariale, franciscaine et vaticane", Corsica Cristiana, en mars 2019, s’était élevé, avec véhémence, contre l’organisation à Ajaccio de la Marche des fiertés en dénonçant : "l’injure faite à nos ancêtres et à notre foi. A-t-on oublié que Marie est Reine de la Corse". Bonjour la tolérance !
Dans ce florilège de la pensée rétrograde, on retiendra enfin que la parabole du Bon Samaritain doit prévaloir à l’accueil des migrants sans "charité administrative, idéologique. Il faut ouvrir son cœur, sa bourse et sa maison...". Quand des milliers d’êtres humains meurent engloutis dans les eaux de la méditerranée pour fuir la misère et la guerre dans leurs pays, on peut douter que la seule bonté individuelle suffise à laver la cruauté de ce monde capitaliste.
Assurément, nous avons besoin de vivre dans un autre monde, un monde juste, fraternel et pacifique. Pour ce faire et pour surmonter les difficultés de la période troublée que nous traversons, plus que jamais, il est indispensable de défendre et de promouvoir la laïcité et les valeurs républicaines, dont nous sommes les héritiers depuis 1789. Citoyens et non sujets, l’émancipation que nous voulons construire, ainsi, découlera toujours de la devise révolutionnaire clamant pour tous : Liberté - Egalité - Fraternité.
Michel Stefani