Il est plus qu’urgent que l’Autorité de la Concurrence rende son avis
/image%2F0578555%2F20201110%2Fob_9f238e_autorite-concurrence.jpg)
Cela fait deux ans, en octobre 2018, que l’Inspection générale des finances a rendu son rapport intitulé "Pour une économie corse du 21ème siècle". Cela fait un an, octobre 2019, que le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a demandé un diagnostic sur quatre secteurs-clés : la distribution de carburants, la grande distribution, le transport maritime et la gestion des déchets.
L’Autorité de la concurrence missionnée en ce sens est venue en Corse pour clôturer ses investigations. Cela fait un mois. C’était fin septembre, et nous aurions du un mois après avoir communication du rapport et de l’avis final. Nous sommes en novembre et pour l’instant nous n’avons rien. Au moment même où des milliers de ménages insulaires sont en grande difficulté ce silence prolongé de la puissance publique s’apparente à une complicité de fait.
Depuis le grand mouvement social de 1989, l’essentiel des mécanismes de concentration, de monopole, d’ententes illicites ont été analysés, décortiqués sans que rien ne soit fait en faveur du pouvoir d’achat et pour réduire les écarts de prix à la consommation entre la Corse et le continent.
La crise actuelle, même multidimensionnelle, ne peut servir de prétexte à la prolongation de cette course de lenteur qui en définitive préserve des gros intérêts privés au détriment de l’intérêt général. La transparence est d’autant plus nécessaire et urgente que le Plan de relance économique, 1,5 milliard d’euros, activé depuis 6 mois s’ajoute aux réfactions de TVA, 200 millions d’euros par an, au franco de port inclus dans la dotation de continuité territoriale, 187 millions d’euros par an, comme, au Crédit d’impôt corse et au FIP, 91 millions d’euros par an.
Alors qu’en temps normal le pouvoir d’achat des ménages modestes est déjà mis à rude épreuve, en raison de la cherté de la vie en Corse, l’impact social de cette crise s’annonce encore plus dévastateur pour eux. Voila pourquoi il est plus qu’urgent que l’Autorité de la Concurrence rende son avis afin que la puissance publique prenne les dispositions nécessaires pour d'une part mettre fins à la captation de la solidarité nationale opérée par une minorité, notamment le consortium des patrons corses, dont la domination économique n’est un secret pour personne, et d'autre part pour permettre une réorientation de l'argent public en faveur de l'emploi, du pouvoir d'achat et des salaires.
Michel Stefani