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Michel Stefani

Hôpitaux : le gouvernement maintient l’austérité et ne répond pas à l’urgence

21 Novembre 2019

Le gouvernement a présenté une série de mesures insuffisantes en réponse à la crise des établissements publics hospitaliers. Syndicats et collectifs appellent à la mobilisation le 30 novembre et le 17 décembre.

Après huit mois de grève aux urgences, une mobilisation massive le 14 novembre dernier de toutes les catégories hospitalières, le gouvernement a présenté son « plan d’urgence » pour l’hôpital. Rallonge budgétaire pour l’assurance-maladie de 1,5 milliard d’euros sur trois ans, reprise par l’État d’un tiers de la dette hospitalière, des nouvelles primes… le combat des agents hospitaliers soutenus par les usagers a permis de desserrer le collier étrangleur. Le président de la République a certes reconnu « nécessaire d’assumer d’investir » mais à l’arrivée le compte n’y est pas du tout par rapport aux revendications : hausse des salaires, des effectifs, arrêt des fermetures de lits et modernisation.

Des primes pas pour tous les personnels

Le gouvernement refuse toujours de revaloriser les salaires de 300 euros net par mois, comme l’exigent les agents hospitaliers. Il prévoit le versement d’une indemnité annuelle de 800 euros, 66 euros mensuels. Cette mesure concerne ceux qui touchent « environ 1 950 euros net par mois », à Paris, dans les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-Saint-Denis. La province en est scandaleusement écartée. En outre, une prime annuelle de 300 euros sera octroyée, service par service, selon des critères tels que « l’investissement » du personnel. Quant aux aides-soignants qui exercent auprès de personnes âgées, cette catégorie pourra toucher dès 2020 une prime de 100 euros net mensuels. Ce « plan d’urgence » prévoit d’améliorer les conditions de travail à dose homéopathiques comme il s’attaque au problème de l’intérim médical avec des contrôles sur « le niveau des rémunérations perçues » et « le respect des repos de sécurité ».

Une augmentation minime du financement de la Sécu

Sur le plan budgétaire, le gouvernement a annoncé une légère hausse de 2,45 % en 2021 et 2022 de l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie, l’enveloppe fixant les dépenses de santé, jusque-là prévue à 2,1 % dans le secteur hospitalier. En 2020, 300 millions d’euros supplémentaires seront versés aux budgets des hôpitaux.  C’est dérisoire. Les tarifs hospitaliers devraient augmenter d’au moins 0,2 % chaque année d’ici à la fin du quinquennat. 150 millions d’euros pourraient être dégagés ainsi pour l’achat de matériels ou les travaux de rénovation. Il en faut dix fois plus.

Une opération séduction visant les médecins

La ministre de la Santé a annoncé un renforcement du rôle des chefs de pôle et de service, pour mieux les « intégrer (…) à la gouvernance » et surtout apaiser la colère des médecins, des chefs de pôle, de service, qui ont multiplié les prises de parole et sont venus grossir les rangs de la manifestation nationale le 14 novembre. Les décisions seront « conjointes sur le projet médical, les nominations de chefs de service et de pôle et l’investissement du quotidien ». Il est aussi question « d’ouvrir le vivier des chefs d’établissements aux médecins », de « revaloriser » les fonctions de management, « d’alléger les charges administratives inutiles » et de « soumettre les modalités de recrutement à un choc de simplification ». Une « cogestion » loin de répondre aux attentes du collectif inter-hospitalier qui considère à juste raison que l’ensemble des soignants de terrain doit participer à la gestion, des médecins aux aides-soignantes en passant par les infirmières mais aussi les patients pour mieux répondre aux besoins.

Une dette allégée sans les investissements

La reprise de 10 milliards d’euros de dette sur trois ans, 3,3 milliards par an, représente un tiers de la dette globale des centres hospitaliers, proche des 30 milliards d’euros. Le remboursement de cette dette plombe le budget des hôpitaux de 850 millions d’euros. Cette reprise de la dette ne permettra de dégager que 300 millions d’euros alors que le budget des hôpitaux est de 84,2 milliards d’euros. Or la santé a besoin d’un plan d’investissements massifs pour faire face aux besoins de soins, intégrer les progrès technologiques, les innovations… L’État aurait pu enfin garantir les emprunts des établissements hospitaliers, ce qui permettrait de faire tomber les taux autour de 0, 3 % à 0,5 %, contre 1,5 % à 2 % actuellement. Une loi spécifique viendra au printemps 2020 d’ici là il est encore temps de faire sauter les limites d’austérité posées par le gouvernement Macron Philippe à la politique de santé publique.

Michel STEFANI

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