Desserte maritime de la Corse : Vers un duopole Corsica Linea Corsica Ferries ?

L’assemblée de Corse devrait, lors de sa prochaine session, examiner le rapport concernant la desserte maritime des ports de Porto Vecchio et Propriano dont les appels d’offres avaient été déclarés infructueux.
Cette énième DSP transitoire, au ligne par ligne, reflète aussi bien le parcours chaotique que les incertitudes du scénario retenu par la majorité régionale nationaliste depuis le protocole du 26 janvier 2016, avalisant sous l’autorité de l’Exécutif le coup de force opéré à l’encontre de la décision du Tribunal de commerce de Marseille après l’affrètement illégal du Stena Carrier et en définitive la prise de contrôle de l’ex SNCM par le consortium des patrons corses sans que l’Etat ne dise un mot.
Ce cadre nouveau fragilisera la CMN dont la présence empêche une répartition plus profitable du marché entre la Corsica Linea disposant des moyens nécessaires pour desservir tous les ports de la DSP en transport de marchandises et la Corsica Ferries en capacité elle d’absorber hors DSP tout le trafic passagers. Le duopole qui se dessine ainsi est également un avatar de la déspécialisation de l’enveloppe de continuité territoriale et la possibilité ouverte dés lors plus largement de réaliser des excédents pouvant être affectés à d’autres opérations voulues par la CdC.
Cette DSP de 11 mois aura aussi une incidence structurelle sur la DSP suivante théoriquement prévue pour 10 ans avec à la clé une compensation publique de l’ordre de 700 à 800 millions d’euros sur la durée de la convention. L’enjeu est donc considérable et on s’interrogera, comme les organisations syndicales, sur la modification des amplitudes horaires des traversées intervenue au cahier des charges, offrant ainsi la possibilité à Corsica Ferries de répondre à l’appel d’offres sur les deux lignes, sans oublier cette fois ci la clé USB, avec un navire de plus de 35 ans ne dépassant pas les 18.5 nœuds.
Ces offres seront surement plus basses en compensations financières que celles de la CMN dont la survie est en jeu avec des dizaines d’emplois en balance en cas de rejet de ses offres. Reste deux points et non des moindres : la législation sociale donc les règles de pavillon et la prise en compte des objectifs de transition écologique. Les deux commandent de ne pas céder au dumping social et environnemental low cost. Le pavillon français 1er registre doit donc rester une exigence de l’autorité délégante dans cette procédure temporaire comme dans la future de 10 ans.
Michel Stefani