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Michel Stefani

Après la visite du premier ministre : la mobilisation sociale et populaire est nécessaire pour la démocratie, le progrès social et écologique

5 Juillet 2019

Le pouvoir d’achat est un mot tabou pour le gouvernement comme pour le président de la République qui, à chacune de leurs visites en Corse, évitent soigneusement d’appuyer là où ça fait mal. Le premier ministre n’a pas dérogé à la règle et pendant ce temps celles et ceux qui ont du mal à arriver à la fin du mois n’en peuvent plus d’être injustement ponctionnés chaque fois qu’ils passent à la pompe à essence ou au supermarché.

La vie est chère en Corse mais le sujet est classé secret défense. Pourtant, lorsqu’il est question de centaines de millions d’euros d’argent public détournés, il serait élémentaire que le gouvernement y accorde la plus grande attention. Il n’en est rien la transparence est dans ce cas un mot tabou, la captation d’une grande partie de la solidarité nationale par une minorité contre l’intérêt général, il faut le croire, est considérée comme une situation normale.

Il n’est donc pas question de justice sociale face aux inégalités si fortes en Corse et encore moins de justice fiscale. Ce gouvernement comme les précédents ferme les yeux pour mieux vanter la réussite économique également soutenue par un ensemble de dispositifs d’allègements divers et variés d’environ une centaine de millions d’euros par an.

Le premier ministre ne s’interroge pas par conséquent sur la faiblesse des salaires qui est une autre spécificité insulaire. Plus les entreprises perçoivent d’aides publiques plus l’écart de salaire avec la moyenne nationale se creuse.

Voila pourquoi les ménages insulaires comme les travailleurs, en attente d’un acte 1 contre la cherté de la vie en Corse et les bas salaires, peuvent exprimer colère et frustration. Une fois encore la transparence ne sera pas faite sur les mécanismes de formation de prix en Corse qui aboutissent malgré les réfactions de TVA 200 millions d’euros, l’enveloppe de continuité territoriale et le franco port 190 millions d’euros, les allègements fiscaux et de cotisations sociales des entreprises 100 millions d’euros, à ce que tout soit plus cher qu’ailleurs.

Les mesures dites sociales annoncées sont un cautère sur une jambe de bois quand 20 % de la population est frappée par la pauvreté. Il appartient à l’Etat de regarder au plus prêt l’impact social que peut avoir sur l’économie de la Corse le consortium des patrons corses essentiellement responsable de la cherté de la vie comme des bas salaires. Le pacte social républicain en dépend.

En même temps le premier ministre a confirmé la volonté du gouvernement de mettre en cause le décret gouvernemental de décembre 2015 concernant la programmation pluriannuelle de l’énergie. Il ne serait plus question de réaliser la centrale d’Ajaccio avec une puissance de 250 Mégawatts, ni de l’alimenter par un gazoduc connecté à la centrale de Lucciana le tout approvisionné à partir d’une barge implantée en mer face à la cote orientale.

Le risque de rupture et le spectre d’une nouvelle crise énergétique comme en 2005 sont désormais envisageables avec le chamboulement de calendrier que cette politique d’austérité impose sous couvert de choix parés des plus grandes vertus écologiques.

Le droit à la différenciation locale, inscrit dans le fameux pacte girondin, trouve ici par anticipation une traduction avant la réforme institutionnelle dont l’objectif central, outre le recul démocratique attendu, est la réduction de la dépense publique pour satisfaire aux critères de la doxa budgétaire européenne. Plus que jamais la mobilisation sociale et populaire est nécessaire pour faire reculer les tenants de cette politique antidémocratique contraire au progrès social et écologique.

Michel Stefani

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