Desserte maritime : les actionnaires de Corsica Ferries ouvrent un contentieux de plus
« La CdC ne craint pas la confrontation judiciaire ». Cette mise au point du président du Conseil Exécutif s’adresse aux dirigeants de la Corsica ferries.
Nous voilà donc au cœur de la procédure d’appel d’offres pour la troisième délégation de service public (DSP) transitoire mise en œuvre par la majorité nationaliste depuis son accession aux responsabilités.
En janvier 2016 après avoir donné quitus au consortium des patrons corses qui jetait son dévolu sur l’ex SNCM attribuée par le TC de Marseille non pas à eux mais à Mr Rocca, la majorité régionale affirmait définir au mieux, sous le contrôle de l’Europe et de l’Etat, l’organisation de la desserte maritime de la Corse.
La réussite de la majorité régionale reposait jusque là sur une double affirmation une fiabilité juridique retrouvée et l’absence de grève depuis la liquidation de la SNCM. Sans avoir la cruauté de rappeler l’engagement de créer une compagnie régionale en moins de deux ans il est néanmoins difficile de passer sous silence l’intervention du parquet national financier dont on peut penser qu’elle a été déterminante dans l’abandon du projet de rachat de deux navires à la Corsica Linéa.
Et si nous avons combattu ces choix, dont la fiabilité est à la mesure de ces atermoiements, nous n’avons jamais, pour notre part, oublié ce que pouvait être l’acharnement procédurier des dirigeants actionnaires de la compagnie low cost Corsica Ferries qui ont toujours été très inventifs en la matière allant jusqu’à faire acte de candidature à l’appel d’offres de 2001 avec une enveloppe vide.
Récemment encore ils ont obtenu en produisant leur propre expertise du Tribunal administratif de Bastia un dédommagement de 84 millions d’euros aux dépends de la Collectivité territoriale. Cet acharnement ressurgit aujourd’hui dans un contexte d’autant plus problématique que les divergences entre les opérateurs historiques de la DSP ne laissent augurer rien de bon en particuliers pour l’emploi.
En effet sur l’autel de la concurrence débridée les victimes de cette confrontation ultralibérale entre opérateurs ont toujours été les salariés. Sans compter les emplois indirects en moins de 20 ans ce sont plus de 1600 emplois qui ont été supprimés. La menace persiste dans l’incertitude d’une négociation qui devrait selon l’exécutif ramener les opérateurs historiques à la raison.
Quant à l’autre menace celle d’un nouveau contentieux de Corsica Ferries elle montre que dans ce domaine particulièrement aucun exécutif n’est à l’abri même après avoir consenti, ce qui n'a jamais été fait auparavant, à l’édification d’un monument face au port de Bastia en honneur à celui qui fut le fondateur de cette compagnie.
Michel STEFANI