Stopper la course au gigantisme des grandes surfaces et démanteler le système de racket opéré sur l’argent public
16 Mai 2018

La Corse est devenue un eldorado pour les enseignes de la grande distribution. Une concurrence sauvage et acharnée est entretenue par différents acteurs de cette économie de service souvent basée sur de l’emploi précaire.
On peut s’interroger valablement sur les raisons qui conduisent, avec une démographie relativement faible et une population résidente réputée pauvre, les majors de la grande distribution à vouloir installer en Corse des grandes surfaces de tailles disproportionnées. La forte activité touristique n’explique pas tout.
Le débat est légitime mais il ne peut être cantonné aux seules questions de droit de l’urbanisme ou commercial. C’est d’autant plus nécessaire que depuis le grand mouvement social de 1989, sans remonter à la mise en place de la continuité territoriale en 1976, la cherté de la vie a toujours été une dure réalité jamais démentie pour les ménages insulaires.
Pourtant il existe des mesures de solidarité nationale comme le franco de port et les réfactions de TVA pour amener en Corse les marchandises en compensant les surcouts dus au transport. Néanmoins l’écart de prix demeure en moyenne dans les 9 % alors que la TVA sur les biens de consommation courante n’est que de 2.5%.
En volume global sur une année ces réfactions de TVA peuvent atteindre les 200 M€ voire plus. A l’évidence les consommateurs n’en bénéficient pas et cela se passe sans que les autorités publiques ne s’en émeuvent.
De même le petit commerce est victime de ce système symbolisé par la création du consortium des patrons corses qui contrôle désormais l’essentiel de l’économie de la Corse. Cela se retrouve également dans le chiffre d’affaire des entreprises insulaires dont les 65% sont réalisés par seulement 5 % d’entre elles.
Or si les appétits sont si aiguisés sur un segment d’activité déjà très occupé c’est peut être en raison de cette situation où manifestement l’argent de la solidarité nationale est détourné au détriment de l’intérêt général.
Cette sur-marge est la garantie de la rentabilité et des sur-profits. Pour stopper cette course au gigantisme des grandes surfaces il faut donc aussi s’attaquer à ce problème et démanteler le système de racket opéré sur l’argent public de la solidarité nationale destiné initialement au maintien du pouvoir d’achat des ménages insulaires.
Michel Stefani