Territoriale 2017 : les électrices et les électeurs sont face à deux choix antagoniques.

La course au trône de Corse, dans son sprint final, révèle avec force le caractère antidémocratique de la réforme institutionnelle qui accouchera dans la douleur d’une collectivité unique dotée d’un pouvoir hyper-concentré pour exercer encore plus de compétences économiques et sociales.
Assorti d’une prime de 11 sièges à la liste qui arrivera en tête ce scrutin, qui pour la première fois voit seulement 7 listes engagées au premier tour, est le reflet d’une logique électorale renforçant la bipolarisation politique au détriment de la démocratie, de la pluralité politique et des contenus programmatiques.
L’enjeu de pouvoir supplante tous les autres avec un double phénomène à attendre le vote utile d’un côté, pour ceux qui sont susceptibles dès le premier tour d’être qualifiés pour l’exercer et de l’autre côté, l’abstention de ceux qui trouvent aucune raison de se rendre aux urnes pour une troisième fois consécutive en 6 mois car leurs attentes, essentiellement sociales, sont ignorées scrutin après scrutin.
Cette Collectivité unique, imposée sans que les Corses n’aient été consultés par référendum, assèche la démocratie en même temps qu’elle inquiète, par la précipitation qui a prévalue et l’impréparation apparente, sur de nombreux points épineux de la fusion notamment ceux du budget et de l’endettement, ceux de l’harmonisation des services et des postes en “doublon“, ceux de l’aménagement et de l’équilibre territorial…La farce du transfert de l’OPHLM de Corse du Sud en fait démonstration. Sans oublier le but essentiel qui consiste à réduire la dépense publique.
Autre inquiétude ressentie celle relative à la frénétique volonté d’engager dès le 2 janvier 2018 une nouvelle réforme institutionnelle pour nous conduire sur un chemin hasardeux sous couvert d’autonomie pour les uns, d’un régionalisme de dernière heure pour les autres, d’autodétermination pour les indépendantistes.
Voilà pourquoi, il est indispensable d’aborder les questions essentielles qui hantent la vie quotidienne d’une grande majorité de Corses et souvent la compliquent, en l’occurrence le chômage, la pénurie de logements sociaux, la cherté de la vie, l’obstacle à pouvoir se soigner, se déplacer…Et ce n’est pas leur faire injure que de rappeler ici l’abstention à l’Assemblée nationale des Députés nationalistes sur les ordonnances de la loi travail comme sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
Ces 30 dernières années la Corse a changé, les inégalités se sont creusées comme jamais et nous avons assisté à une captation par une minorité de la richesse produite grâce à la commande publique et la solidarité nationale.
Il faut donc s’attaquer concrètement à cette réalité en commençant par mettre fin au détournement des 194 M€ de réfaction de TVA pour rendre du pouvoir d’achat aux ménages modestes.
De même, 100 M€ sont versés chaque année aux entreprises, il faut que cet argent public, émanant de la solidarité nationale, serve plus significativement à créer de l’emploi stable, augmenter les salaires, dispenser de la formation, sécuriser la vie professionnelle.
Cette élection place en fait les électrices et les électeurs face à deux choix antagoniques :
Soit laisser une poignée de grands patrons corses de la distribution, du BTP et des transports faire main-basse sur les fonds publics et le pouvoir d’achat des Corses pour maintenir dans la réforme institutionnelle permanente un modèle économique déséquilibré et inégalitaire dont ils sont les seuls bénéficiaires ;
Soit reconquérir une vraie politique de solidarité nationale fondée sur la réduction des inégalités sociales et territoriales, une autre répartition des richesses, la défense des services publics, le maintien des circonscriptions administratives départementales pour impulser une politique permettant d’améliorer la situation de l’ensemble de la population.
C’est cette dernière voie que propose la liste l’Avenir, la Corse en commun, l’Avvene, a Corsica in cumunu, soutenue par la Corse insoumise, le Parti Communiste Français, Manca alternativa/Ensemble.
C’est la seule liste à offrir une alternative à la fois à la politique antisociale du gouvernement Macron-Philippe-Gattaz et à la majorité présidentielle comme à la majorité régionale nationaliste emmenée par Gilles Siméoni et Jean Guy Talamoni sur le chemin du fédéralisme européen. Et effectivement, cette liste est bien la seule de gauche à incarner le combat antilibéral pour la justice sociale.
Michel STEFANI