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Michel Stefani

Campingcars : la taxe n'est pas une bonne mesure

2 Août 2017

Intervention de Michel Stefani à l'Assemblée de Corse le 27 07 2017

Depuis plusieurs années, on observe une augmentation importante du nombre de campingcaristes en France, notamment dans les périodes d’affluence touristique.

Cela génère des difficultés au regard du cadre législatif et réglementaire complexe, des conflits d’usage qui surgissent, de la faiblesse des structures d’accueil, des capacités financières des collectivités pour gérer dans les meilleures conditions cette forme de tourisme en essor constant.

Les Français avec les Allemands et les Italiens, sont les principaux utilisateurs en Europe de campingcars et constituent l’essentiel de la fréquentation enregistrée en Corse.

Les adeptes de ce type de tourisme apprécient la liberté qu’il procure surtout si les structures d’accueils existent pour les recevoir correctement et offrir l’accès à l’eau, la possibilité de vidanger les eaux usées et un stationnement sécurisé.

C’est aussi un tourisme qui participe de l’allongement de la fréquentation hors périodes de surchauffe estivale. Il s’agit pour les deux tiers de séniors, au pouvoir d’achat relativement significatif, qui alternent dans une année les séjours courts et d’autres de plus de trois jours. La dépense quotidienne est estimée entre 50 et 70 €.

Les indisciplinés qui ne fréquentent pas les aires d’accueil ou les campings sont, selon le ratio national 10 % pour 35 %, généralement des jeunes, qui n’utilisent que rarement ces structures. Le rapport établit une projection aléatoire pour la Corse dans une fourchette de 330 à 800 camping-cars dispersés dans la nature.

Les entrées comptabilisées selon l’ORTC étaient de 28.000 unités en 2015 pour des séjours moyens de 13,2 jours soit 1 million de nuitées 3% du total de l’île.

Pendant 4 mois plus de 2000 camping cars sillonnent les routes de Corse c’est la rançon d’une attractivité naturelle des sites qui correspond à ce mode de tourisme mais qui devient aussi un facteur de ralentissement et d’encombrement du réseau.

Comme d’autres activités humaines ce mode de tourisme a un impact environnemental à fortiori quand ceux qui le pratiquent s’affranchissent d’un minimum d’obligations de bon sens pour ne pas dire de civisme.

Ces comportements sont aussi le produit des insuffisances en structures d’accueil la Corse ne compte que 1300 emplacements et 10 aires de services dédiées à l’accueil des camping-cars et seulement 3 permettant de vidanger les eaux usées.

Quoiqu’il en soit rien ne justifie que les campingcaristes soient pris à partie comme on a pu le voir. Il faut, et c’est le rôle de la puissance publique, y veiller en apportant les réponses adaptées et susceptibles de réduire les risques de situations conflictuelles.

En ce sens le rapport identifie la contradiction liée à l’augmentation régulière des entrées et à la faible capacité d’accueil dans les normes de ces véhicules et leur impact environnemental dans ces conditions notamment dans les sites remarquables.

Le camping libre effectivement n’est pas interdit en France cependant il est encadré pour le reste la réglementation applicable aux campingcars découle à la fois du Code de la route, du Code général des collectivités territoriales et du Code de l’urbanisme éventuellement de circulaire ou arrêté.

A partir de cette réglementation pas toujours facile à décliner, les élus locaux sont appelés à prendre des dispositions conformes aux textes en vigueur. La CTC peut les accompagner pour leur faciliter les choses aux plans financier, logistique et technique avec le concours de l’AUE et de l’ATC.

En ce sens, nous partageons l’idée d’une régulation permettant de concilier les avantages et les inconvénients de cette forme de tourisme d’en minimiser les impacts négatifs et d’en maintenir l’acceptabilité sociale et les retombées économiques non négligeables.

Cela étant nous pensons que la création d’une taxe eco-conditionnelle n’est pas une bonne mesure pour plusieurs raisons.

La loi serait applicable à l’ensemble du territoire national et ce qui est valable en Corse pourrait être inadapté ailleurs, ensuite cette taxe s’ajouterait à la taxe de séjour et à la taxe de transport, enfin le dispositif risque d’être assez lourd pour le recouvrement et ensuite le remboursement si toutefois au préalable la dite taxe répond à une nécessité et respecte le principe d’égalité.

Nous ne sommes pas convaincus enfin par les effets pédagogiques attendus avec cette mesure fiscale à fortiori quand le manque d’infrastructures est si important. C’est pourquoi il serait selon nous préférable d’établir une programmation d’investissements pour réaliser ces infrastructures d’accueil dédiées permettant de dégager des recettes.

Cela n’est pas contradictoire avec une sensibilisation accrue, comme vous le proposez, des campingcaristes à l’exigence écologique essentielle de préservation de l’environnement.

 

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