Primaire à droite : Joe Dalton, Calamity Jane et les 5 mercenaires
Deux heures trente de débat, beaucoup d’écume, des sujets survolés et des coups bas en quantité. Une seule certitude ils et elle sont bien de droite.
Tous sont partisans d’un libéralisme dévastateur au plan économique et social. Dès lors, il ne leur restait plus que les allusions perfides et les avanies sur le parcours de chacun pour faire la différence. Les journalistes se sont complaisamment pliés à cette pantalonnade dans laquelle Nicolas Sarkozy était manifestement le mieux préparé.
Surtout, il ne se priva pas de mettre en exergue l’époque ou, adulé, il distribuait les postes de ministres. Voila pour situer le niveau du débat. Pour le reste, il fut question du droit d’asile et d’une variante minimum commune à tous les candidats, du terrorisme, de la délinquance et de l’école dans une approche superficielle mais toujours très droitière.
Nicolas Sarkozy évoquera la « solitude » du président de la République au moment de prendre des décisions importantes, ce que personne d’autre ne pouvait expliquer sur le plateau faute d’avoir exercé la fonction. Jean François Copé lui reprocha toutefois son « inconstance et sa versatilité ». Lui ira droit au but après la hausse de la TVA, il gouvernera par ordonnances car il n’y a plus de temps à perdre.
François Fillon a ressorti ses propositions favorites : suppression massive de postes dans la fonction publique ; retour aux 39 heures hebdomadaires, voire plus, sans augmentation de salaire, histoire de faire plus de cadeaux aux exploiteurs et autres profiteurs voire aux fraudeurs lesquels ne furent jamais inquiétés par aucun des primo-candidats.
Nathalie Kosciuko-Morizet tenta de démontrer que le salut du pays proviendrait des nouvelles technologies et d’une « chambre des citoyens » qu’elle mettra en place pour vivifier la démocratie. Notons encore qu’elle a reproché à Nicolas Sarkozy d’avoir plombé son Grenelle de l’environnement, lequel lui envoya à la figure « je ne suis pas sûr de le refaire, mais je ne regrette pas ta nomination ».
Bruno Le Maire a pu préciser que la montre à son poignet était celle que lui avait offerte sa femme, alors que celle de l’ambassadeur du Qatar en France avait été rendue à son généreux donateur. Il a également insisté sur la nécessaire promotion d’une nouvelle génération qu’il identifie volontiers à sa propre personne. Il compte en ce sens sur les électeurs des 20 et 27 novembre et promet contrairement à ses concurrents de s’en tenir à un seul mandat s’ils accèdent à la fonction suprême en 2017.
Alain Juppé vainqueur du match aller a essuyé pour ce match retour les tirs convergents de ses « amis » lui reprochant de se fourvoyer avec François Bayrou. Ce dernier a promis en effet de ne pas se présenter contre lui s’il gagnait la primaire. « Je ne lui ai rien promis et il ne m’a rien demandé » rétorque Alain Juppé, tout en rappelant que pour d’autres scrutins personne à l’UMP n’avait contesté les accords avec l’UDI et le centre.
Jean-Frédéric Poisson moins à son affaire sera l’éternel retardataire. Ce proche du clan Lepen s’était fait remarquer dernièrement dans une interview à Nice Matin ou il dénonçait « la soumission d’Hillary Clinton au lobby sioniste». Les journalistes l’ont maintenu à l’écart et ne l’ont sollicité que pour combler ses retards en temps de parole.
Le sondage conclusif donnera Sarkozy en tête avec 31%, devant Juppé à 28% et Fillon à 21%. Un dernier débat avec l’ensemble des protagonistes aura lieu trois jours avant le premier tour, tandis que dans l’entre deux tours les deux candidats arrivés en tête au premier se retrouveront dans un face à face. Tout semble indiquer que Juppé et Sarkozy y seront. Le grand vainqueur sera l’un des deux. Mais il se dit déjà que Nicolas Sarkozy en cas de défaite maintiendrait sa candidature.
Michel Stefani