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Michel Stefani

37ème Congrès du PCF : « unité, combativité, solidarité ».

8 Juin 2016

Le 37ème Congrès du PCF s’est déroulé du 2 au 5 juin. Les communistes ont fait des choix pris des décisions déterminantes dans un moment important précédent les échéances de 2017 lesquelles dessineront les contours politiques au delà pour plusieurs années. Michel Stefani délégué au Congrès revient dans cet entretien pour Terre Corse sur ces travaux.

Michel Stefani vous étiez au 37ème Congrès du PCF, il a été question de feuille de route, quelle est l’orientation prise ?

Elle se fonde sur la réalité économique, sociale et politique du Monde, de l’Europe, de la France et bien sur de la Corse en partant des inégalités sociales, du mal vivre généralisé par la volonté cupide de ceux, ils représentent 1% de la population mondiale, qui possèdent plus de richesses que les 99% restants. Quand un seul homme, le patron d’Amazone, peut gagner 2000 euros chaque seconde, on mesure ce que cela veut dire. En France les grands patrons du CAC 40 rivalisent à plus de 2000 euros par jour. En Corse 1600 personnes déclarent en moyenne un revenu de 180 000 euros alors que 60 000 personnes doivent vivre avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. A cela s’ajoute la fraude fiscale qui, à elle seule 80 milliards d'euros, suffirait à éponger le déficit de la France 77 milliards en 2015. Il faut donc remettre le monde à l’endroit au bénéfice des plus modestes à partir du local.

Là ce n’est pas très nouveau…

C’est vrai mais ce qui l’est sans doute, c’est l’intensité actuelle de la lutte de classe et particulièrement en France. C’est d’ailleurs ce à quoi nous nous affrontons en ce moment même dans la lutte contre la loi improprement baptisée « Travail » alors que son objet consiste à détruire le code du travail et à étendre la précarité de l’emploi. Le Congrès a montré avec les nombreuses délégations étrangères non seulement la place mais aussi le rôle que notre Parti occupe à l’échelle du monde dans ce combat contre l’oligarchie de la finance. Il y a des convergences, il faut les fortifier et les déployer plus efficacement. Un représentant espagnol résume bien les choses quand il dit : « l’Europe n’a pas encore réussi à imposer en France ce qu’elle a fait subir à l’Espagne ou à la Grèce. C’est pourquoi la lutte menée en ce moment contre la casse du droit du travail dans votre pays intéresse tous les autres et appelle à la solidarité la plus large. Ce que l’on peut attendre des communistes c’est bien de contribuer de toutes leurs forces à cette exigence ».

Le Parti communiste se porte-t-il bien?

Nous n’avons pas caché nos difficultés, en même temps le Congrès nous fortifie par l’unité qui s’y est affirmée, le renouvellement notamment avec les jeunes communistes et les objectifs que nous nous sommes assignés ensemble dans le court terme avec les échéances de 2017 et à plus long terme parce que quoi qu’il arrive le combat pour la justice sociale devra se poursuivre si nous voulons que le temps futur devienne celui du commun. Le temps du commun c’était le mot d’ordre central de notre Congrès et de notre démarche qui se résume en trois mots : unité, combativité, solidarité.

Les échéances de 2017 ont occupé une bonne partie des travaux du Congrès est ce bien cela être révolutionnaires au 21ème siècle…

Nous parlons d’un communisme de nouvelle génération car de toute évidence le triomphe du capitalisme est un véritable désastre humain et environnemental. Son hégémonie fait le bonheur des marchés financiers, d’une infime minorité de riches mais en contrepartie ce système engendre paradoxalement, par rapport à la modernité générée par la révolution informationnelle, un recul de civilisation, des guerres et des désordres climatiques dévastateurs pour la planète. Les échéances de 2017 ont donc une relation directe car la France peut et doit jouer un autre rôle sur la scène internationale en faveur de la paix, de la solidarité, de la justice. Il faut redistribuer les richesses au bénéfice des plus démunis et faire en sorte que les capacités décuplées par les nouvelles technologies soient mise au service de l’humain non du profit financier.

Vous dites que la 5ème République n’en peut plus pourquoi ?

Dans notre pays l’élection présidentielle structure la vie politique, avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, présidentielle-législatives, c’est encore plus vrai. Le présidentialisme, l’élection d’un monarque républicain et d’un parlement qui ne rend de compte qu’à ce dernier plutôt qu’au peuple, sclérose la démocratie et risque désormais d’aboutir à une situation inédite mais confortable pour les tenants de l’ordre établi actuel. Il faut une nouvelle République et une nouvelle Constitution démocratiques, laïques et solidaires.

Comment allez-vous aborder ces élections concrètement ?

Les deux, la présidentielle et les législatives sont interdépendantes néanmoins la première impose une logique antidémocratique en subordonnant mécaniquement les résultats de la seconde. La question posée désormais est de construire avec les électrices et électeurs un cadre et un contenu politiques pour les deux élections qui soit conforme à leurs attentes sociales et démocratiques. François Hollande et son gouvernement incarnent le renoncement et la trahison de ceux qui ont voté en 2012 au second tour, ils étaient 11 millions, pour une politique de gauche et non pour la poursuite aggravée de la politique antisociale de Nicolas Sarkozy et du MEDEF. Ils sont donc disqualifiés. Beaucoup s’interrogent, cependant, sur le danger que représente le risque d’un second tour à la présidentielle qui opposerait la droite et le FN après avoir mis hors jeu les forces de gauche antilibérales. Ce piège enlève toute perspective aux forces populaires et progressistes dans notre pays. Nous leur proposons de l’éviter.

Vous semblez un peu seuls quand même ?

Cela ne veut pas dire qu’il se passe rien et c’est justement parce que nous voyons ce qui se passe autour de nous que nous nous interrogeons sur la meilleure façon de faire converger sur un même objectif les millions de femmes et d’hommes pour lesquels le mot gauche a encore du sens et qui cherchent une issue politique nouvelle comme on le voit à Nuit Debout. Il ne suffit pas de vouloir passer devant François Hollande et oublier l’essentiel notamment faire que la gauche de transformation sociale soit présente au second tour de la présidentielle et démente le scénario des régionales, répété élection partielle après élection partielle, où la droite et le FN se retrouvent seuls. Il y a deux régions où la gauche ne siège plus, imaginez ce que serait une Assemblée Nationale où la droite et l’extrême droite aurait une position aussi hégémonique. Par conséquent nous voulons construire une démarche et un projet avec un contenu de gauche transformateur et fédérateur à l’élection présidentielle comme aux législatives sans exclusive ni contrainte à l’égard de qui que ce soit ou venant de qui que ce soit…

Jean Luc Mélenchon a décidé de partir en campagne avec de nombreux soutiens, et pas des moindres, venant de votre Parti notamment Marie Georges Buffet…

C’est vrai, au sortir du Congrès ce n’est pas très respectueux des communistes et des choix que nous avons fait ensemble. Cela interpelle sans nous arrêter. Au contraire, nous avançons à notre rythme avec la consultation citoyenne, le pacte d’engagements des candidats qui n’est pas à prendre ou à laisser, et dans un délai raisonnable de quatre mois une votation citoyenne. Le tout consiste à désigner notre candidat ou candidate à la présidentielle, à impulser la dynamique nécessaire et permettre la constitution d'une majorité parlementaire respectueuse de ses engagements contre l’austérité et véritablement de gauche.

La droite avec 3 sortants sur quatre et les nationalistes victorieux aux régionales semblent les mieux placés pour ces législatives, vous serez candidat…

Nous sommes en capacité d’avoir des candidates et des candidats dans les quatre circonscriptions. Pour autant il ne s’agit pas de brûler les étapes. Notre objectif est de rassembler à travers celles-ci, celles et ceux qui en ont assez de la vie chère, des détournements de réfactions de TVA, le SGAC vient de nous donner raison à ce sujet, de la casse du service public et de la domination low cost… Nous sentons le désespoir mais aussi l’aspiration à mieux vivre des jeunes comme des plus anciens. Le chômage progresse, les salaires et pensions des retraités n’augmentent pas … ce n’est pas en affirmant que la France est un pays ami ou qu’il faut légiférer pour restreindre le droit de grève que l’on s’attaque à cette réalité. L’avenir s’obscurcit d'autant plus que la confusion préside à la mise en place sans référendum d'une collectivité unique dont la principale caractéristique est de précipiter la Corse dans une concurrence des territoires avec des régions européennes incomparables aux plans économiques et démographiques.

Justement comment comptez-vous convaincre ?

Nous pensons que le cadre national est celui dans lequel la solidarité indispensable à la Corse et à l’égard de ceux qui sont les plus modestes peut s’exercer le plus efficacement. Les valeurs républicaines « liberté égalité fraternité » même dévalorisées par les politiques ultralibérales sont des leviers à la disposition du peuple pour se défendre, reconstruire le pacte social républicain et promouvoir la laïcité, pour vivre mieux ensemble et valoriser notre diversité. En ce sens, il faut des députés combatifs contre des lois comme la loi Travail, qui refusent l’austérité et votent des budgets pour construire des logements, baisser les loyers, créer des postes dans l’Éducation nationale, lutter contre les discriminations, garantir la protection sociale et la santé, agir pour l’emploi stable et les salaires décents... Cela exige de penser un nouveau mode de développement préservant la planète, moins gourmand en énergie, offrant l’autonomie alimentaire à tous, une agriculture pour les hommes, privilégiant les circuits courts et l’économie circulaire et les services publics comme des priorités constantes et pas seulement le temps d’une conférence internationale… bref l’Humain d’abord.

Propos recueillis par Noel Graziani

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