JLM et les délices du présidentialisme
25 Mars 2016
Aujourd’hui est un jour pas comme les autres. L’inhabituel tient au fait que ce matin j’ai reçu par mail une sollicitation de Jean Luc Mélenchon (JLM) pour soutenir sa candidature. Car dit-il : « depuis le 10 février j’ai proposé ma candidature à l’élection présidentielle ». Ce choix se situerait dans la continuité « de son engagement politique, du travail effectué au service des idées que son livre l’ère du peuple résume dorénavant ».
Pour ceux qui ont toujours privilégié la décision et l’action collective dans le combat de classe, c’est un changement. JLM insiste : « Je l'ai fait sans demander d'autorisation et hors cadre de parti. » Et en cas d’incompréhension le candidat autoproclamé en rajoute une couche « chacun peut participer sans avoir besoin d'une carte ».
« La révolution citoyenne » serait ainsi l’objectif de la démarche « éco-socialiste » baptisée « la France insoumise ». Mais tout en combattant l’assèchement démocratique d’une 5ème République a bout de souffle, parce qu’exclusivement accaparée par le capital et dévoyée par cette élection d’un monarque républicain, JLM n’échappe pas aux délices du présidentialisme et de la personnalisation de la vie politique liée justement à celle-ci. Il succombe.
Et, au-lieu de faire prévaloir le rassemblement de toutes les forces populaires et politiques de la gauche de transformation sociale, il les divise avec la suffisance de son propos à la première personne du singulier. Les médias en raffolent.
Lui qui a créé le Parti de Gauche, l’a dirigé et à ce titre participé au Front de gauche et à l’espoir suscité, s’en écarte à présent au prétexte qu’internet « offre des outils de structuration sans précédent pour affronter et même dépasser les grandes machines politiques traditionnelles. »
Pour le coup il peut conclure son message sur l'importance pour chacune des personnes qui souhaitent se joindre à lui de le faire en signant en ligne pour sa candidature. Ce que dans ces conditions peu respectueuses des principes politiques et des militants des partis politiques que nous sommes encore quelques uns à animer sans ambition personnelle, je ne peux me résoudre à faire.
Michel Stefani