SNCM : ultralibéralisme et scandale politico-financier
8 Février 2016
La guerre qui oppose depuis deux mois certains dirigeants du patronat insulaire s’agissant du contrôle de la desserte maritime de marchandises s’est déroulée jusqu’ici sous l’œil bien veillant du gouvernement et de la nouvelle majorité régionale qui, dans le contexte trouble, a vu l’opportunité de précipiter la création d’une compagnie régionale.
Les carences de la méthode affleurent aujourd’hui. Les vérifications n’ont pas été conduites pour s’assurer de la légalité entourant l’ouverture de la ligne Marseille Bastia par le consortium des patrons insulaires. A la question que nous posions le 6 janvier : Corsica Maritima est-elle respectueuse de la légalité en ouvrant cette ligne ? La réponse est non.
La clause de non concurrence acceptée en son temps par l’ensemble des candidats à la reprise de la SNCM, devant le Tribunal de commerce de Marseille (TC), n’a pas été respectée. Elle prévoyait expressément de préserver l’ex SNCM de toute concurrence déloyale durant les 6 premiers mois consécutifs à la cession.
L’OTC a donc validé l’ouverture de cette ligne et vraisemblablement signé une convention avec l’opérateur Corsica Maritima et le groupe Berrebi dans des conditions approximatives et à l’insu du Conseil d’administration de l’OTC.
Le constat laisse perplexe tant au regard du contrôle de légalité que de l’amnésie des signataires de cette clause de forme exécutoire. On voudrait liquider l’ex SNCM et ses 900 salariés qu’on ne s’y prendrait pas autrement. La CMN aussi ne sortira pas indemne de cet assaut de concurrence déloyale.
Ainsi le dogmatisme ultralibéral antiservice public pourrait accoucher, sous un scandale politico financier plus désastreux que la sulfureuse privatisation Villepin Sarkozy, d’un ultime plan social touchant les deux compagnies sous pavillon français premier registre.
Après quoi, certains réclameront que les syndicalistes de la SNCM soient trainés devant les tribunaux, comme ceux d’Air France et de Goodyear, où ils se verront reprocher d’avoir défendu leurs emplois et le service public contre le low cost et ses corollaires le non droit social et le recul de société.
Les administrateurs judiciaires doivent imposer le respect du jugement du TC et réclamer des sanctions à l’encontre de ceux qui l’ont bafoué. Enfin, le gouvernement, qui vantait les mérites d’une procédure de redressement garante de la pérennité de la nouvelle SNCM, doit sortir de son mutisme et y veiller pour stopper ce processus de destruction de la desserte de continuité territoriale.
Michel Stefani