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Michel Stefani

Di sparte si a manghjatoghja cum’elli ferebbenu i porchi (se partager l’auge comme le feraient les porcs)

5 Août 2014

E Ghjurnate internaziunale di Corti ont accueilli plusieurs élus qui sous ce même chapiteau auraient été qualifiés, il y a peu, de représentants de « la classe politique traditionnelle ». Désormais ils sont « progressistes » et le microcosme médiatique insulaire les adule. « Corsistes », ils incarnent forcément la modernité et le dynamisme.

Récemment ils ont même voté le service minimum dans le transport maritime. C’est dire si lutter contre la déréglementation, le dumping fiscal et social, est archaïque. Pour ces néolibéraux, il faudrait voir le progrès dans la concurrence déloyale et ainsi accepter le low cost, les « travailleurs détachés » sous payés, avec une couverture sociale inférieure, « afin de passer d’une société perfusée à une société productive » nous dit Emmanuelle De Gentili.

Les détournements de réfactions de TVA au détriment des consommateurs ou de la Taxe de transports au détriment des usagers sont certes le fait de gens indélicats mais ils perdurent sans perturber la dirigeante nationale du PS encore moins son gouvernement. Aussi sa formule a dû en ravir plus d’un au cabinet du premier Ministre où on taille dans la dépense publique. Les moins sont pour ces nantis retraités, salariés, fonctionnaires les plus pour le MEDEF. Dans la foulée les budgets des hôpitaux comme des services publics en général fondent aussi vite que les dotations aux collectivités locales. La « société productive » c’est finalement celle des chômeurs en masse. En Corse ils sont plus de 20 000, nouveau record. Pour eux c’est la lourde peine : chomage, vie chère, précarité et pauvreté.

La vie en low cost existe chez nous mais elle était absente des discours de Corté. « La place de la Corse dans la réforme », engagée par le président de la République, en revanche y était. Et si la spécificité insulaire doit être maintenue par rapport aux autres régions métropolitaines, il faut surtout dire pour qui et pour quoi. Car après trois décennies, évolution après évolution, l’amplitude des inégalités s’est accrue et l’usage des compétences dévolues, notamment dans les transports n’a pas été convaincant.

A présent il faudrait supprimer les départements, vider de leur substance les communes créer des méga régions aptes à la compétition économique européenne la plus féroce opposant les territoires et les hommes. Des pays entiers sombrent dans la crise entretenue par cette politique de prospérité des marchés financiers et la Corse devrait s’y précipiter au lieu de s’en préserver en suivant l’exemple de la Catalogne ou de l’Ecosse. Dans cette course à l’abîme des grandes régions européennes la Corse, à plus forte raison à la périphérie de la solidarité nationale, ne peut avoir un avenir radieux.

Voila pourquoi, un débat sur ces enjeux eut été instructif au-delà des poncifs antijacobins d’autant que Jean Guy Talamoni a enfoncé le clou : « Quelle que soit l’évolution que connaîtra la Corse sur le plan institutionnel dans les années à venir, nous ne reconnaîtrons jamais le principe de la tutelle française sur notre pays ». C’est bien du rapport à la France qu’il est question et au cœur de celui-ci, de la juste répartition de la richesse produite dans le pays.

Au menu également, « de ce rendez-vous politique incontournable » : les prochaines régionales. Le préalable de la violence indépendantiste étant tombé, l’accès au pouvoir des élus nationalistes de toutes tendances devient possible. Jean-Baptiste Luccioni confirme : « Le préalable est bien levé, sans compromis, ni compromission ». Au concert des louanges le Maire de Pietrosella, tout un symbole, ajoutera même : « Le FLNC a contribué à préserver l’équilibre de la Corse et lui a permis d’être ce qu’elle est ».

A retenir enfin une phrase de Jean Guy Talamoni : « si tout ce qui est immatériel est écarté au nom du pragmatisme, que reste-t-il de la politique : di sparte si a manghjatoghja cum’elli ferebbenu i porchi ? » (se partager l’auge comme le feraient les porcs). Celle-ci, destinée aux « nationalistes modérés », n’a que survolé la nouvelle première adjointe PS de Bastia, alliée de Femu a Corsica et de l’UMP, pour laquelle « il faut regarder devant ». Ainsi le consensus des élus doit être préservé et la cible désignée « la haute administration jacobine ». La formule est du Conseiller Exécutif candidat aux sénatoriales Pierre Ghionga. C’est la posture libérale classique plus on tire sur l’Etat plus les responsabilités politiques sont diluées.

Michel STEFANI

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