L’urgence sociale commande d’agir sur le fond et les causes
Intervention de Michel Stefani au Comité stratégique du 18 juillet présidé par la Ministre Marylise Lebranchu.
Madame la Ministre
Notre pays connaît une crise économique sociale et démocratique profonde. Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, les élections municipales et européennes l’on montré. Dans un tel contexte si on s’en tient à la forme des choses, on traite de l’apparence alors que l’urgence sociale commande d’agir sur le fond et les causes produites par la politique d’austérité déclinée depuis l’Europe via les gouvernements jusqu’aux collectivités locales.
Ce qui se passe en ce moment même après l’élection de Jean Claude Juncker à la Commission ne laisse entrevoir aucun changement. Il est question de continuité à Bruxelles comme à Paris. C’est contraire aux messages alarmants de la séquence électorale conclue le 25 mai. La réforme de l’architecture administrative de la France prend ainsi tout son sens. Il n’est donc pas surprenant de constater qu’elle est incomprise et en décalage avec l’opinion de nos concitoyens qui n’en voient pas l’intérêt au regard des difficultés qui ne cessent de s’accentuer.
En Corse le chômage a dépassé la côte d’alerte depuis longtemps, plus de 22 % des ménages ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Faut-il que s’ajoute la liquidation de la SNCM ?
Le conflit pouvait être évité. Il suffisait de mettre à profit les 30 jours de préavis et s’en tenir à lettre du Ministre des transports adressée aux organisations syndicales le 9 janvier dernier après dix jours de grève. Tel n’a pas été le cas, la suite est connue. Personne ne nie son impact sur la principale activité économique de l’île, les marins pas moins que d’autres sans doute, pour autant l’exagération ne peut qu’entretenir la tension.
Il n’y a jamais eu de blocus, ni 230 000 passagers perdus et 120 M€ de manque à gagner. En revanche, ce qui est sur c’est que le détournement des réfactions de TVA a bien lieu comme le vol de la Taxe de transport or sur ce point nous avons demandé l’intervention de la direction nationale des enquêtes fiscales (DNEF) sans être entendus. Le gouvernement se doit pourtant d’agir à ce sujet dans l’intérêt de la Corse.
Il doit aussi publier les décrets visant à réglementer l’emploi de travailleurs détachés sur les navires desservant la Corse en cabotage national. Il doit enfin respecter ses engagements concernant la pérennité de la SNCM dont les difficultés proviennent essentiellement de la concurrence déloyale.
La pénurie de logements sociaux, vous l’avez souligné, fait que 4000 demandes sont déposées et seulement 350 logements construits. En même temps nous avons 1400 logements neufs invendus, une spéculation forte accompagnée de dérives affairistes et mafieuses. Face à cela nous pensons qu’il faut construire des logements sociaux, s’appuyer sur la réglementation et l’adoption des documents d’urbanismes non sur un statut de résident. Par contre, nous avons voté pour un transfert de la fiscalité sur le patrimoine pour soutenir cette politique de construction antispéculative.
Nous savions que ce choix impliquait la modification de la Constitution tout comme la coofficialité mais notre démarche n’a jamais était celle du préalable. C’est pourquoi nous avons toujours dit qu’il ne fallait pas écarter la possibilité d’avancer avec l’adoption de la Charte des langues minorées.
Voila dans quel esprit nous participons au dialogue avec le gouvernement sans prétendre que la représentation régionale de la Corse, pourrait à elle seule décider de modifications institutionnelles et constitutionnelles du pays. Nous ne sommes pas dans la logique du bras de fer et pensons que dans tous les cas le peuple doit être consulté.